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Orange se croit mûr pour la banque

L'opérateur de téléphonie Orange lance, jeudi, son offre bancaire, Orange bank. Une banque 100 % en ligne qui mise sur la gratuité et le réseau de ses abonnés pour s'imposer.

" Orange is the new bank." L'opérateur téléphonique historique prend le train bancaire en marche et lance sa propre offre à partir du jeudi 2 novembre. Orange Bank rejoint ainsi le wagon des "néobanques", ces start-up qui tentent de donner un coup de vieux aux Société Générale, BNP Paribas et autres.

Pour ce faire , Orange Bank propose la possibilité d'ouvrir un compte courant en dix minutes et de tout pouvoir gérer depuis une appli sur son smartphone (paiement électronique, virement par SMS, suivi des dépenses en temps réel). Et pour ceux qui ne souhaitent pas passer au 100   % dématérialisé, Orange Bank procure une carte de paiement et un chéquier.

Une "néobanque" comme les autres   ?

Rien de bien neuf par rapport aux autres néobanques, comme l'offre Welcome de Boursorama. Elles misent toutes sur la gratuité   : pas de frais de gestion de compte et une carte de crédit gratuite à vie. Atte ntion tout de même avec Orange   : il faut effectuer trois opérations bancaires par mois pour ne pas avoir à payer huit euros de gestion de compte. Une restriction qui n'existe pas chez certains concurrents directs, comme ING Bank.

Mais le lancement d'Orange Bank est un pavé plus important dans la mare bancaire. Le nouveau venu peut s'appuyer sur un réseau de 27 millions de clients mobiles, qui sont autant d’utilisateurs potentiels de sa nouvelle banque en ligne. Orange compte aussi investir 500   millions d’euros pour développer son offre dans les années à venir. Une somme que les autres néobanques ne peuvent pas se permettre de dépenser.

En outre, "certaines fonctions, comme la possibilité d'activer le paiement à l'étranger ou le déblocage du paiement sans contact sont rares dans le paysage des néobanques. Les frais de dépassement de découvert sont aussi dans la moyenne basse", résume Pascal de Lima, chef économiste au cabinet de conseil Harwell Management et spécialiste du secteur bancaire, contacté par France 24. Il y a également, d’après lui, fort à parier qu'Orange Bank développe des offres avantageuses pour les clients qui cumuleraient abonnement mobile et ouverture d'un compte bancaire.

La génération Z plutôt que les riches

Être coulant sur les découverts, mettre la gratuité en avant autant que possible   : l'opérateur historique vise "la génération Z, les étudiants et les nouveaux actifs pour qui ces questions sont prioritaires", précise Pascal de Lima. Normal : les néobanques ne sont pas encore mûres pour s'attaquer au même public que les banques traditionnelles. "Elles offrent une sorte de service bancaire universel qui n'inclut pas des opérations bancaires plus complexes, comme la gestion de patrimoine ou le crédit", rappelle Pascal de Lima. En clair, plus on est riche, moins Orange Bank est attrayant.

"Elles ne sont pas non plus équipées pour s'occuper de fusions d'entreprises", souligne l'expert. Les activités financières et économiques complexes resteront l'apanage des banques traditionnelles. Ce n'est pas demain la veille qu'Orange Bank va mener l'introduction en b ourse d’une société, par exemple.

Mais Orange ne peut pas miser que sur des services gratuits. L'opérateur français le sait et a annoncé son intention de proposer à l'avenir des crédits immobiliers ou des prêts à la consommation. Pascal de Lima appelle à la prudence   : "Cela ne se fera pas en une nuit, et il faudra qu'Orange se conforme à toutes les règles bancaires pour avoir le droit de le faire".

En attendant, Orange Bank a déjà prévenu qu'il faut s'attendre à des pertes jusqu'en 2020 pour son activité bancaire .

Et après   ? "Les autres néobanques espèrent avant tout se faire racheter par un plus gros", estime Pascal de Lima. L'opérateur télecom compte, lui, s'incruster dans la cour des grands. Pour l’instant ses principales perspectives de bénéfices sont qu'Orange Bank serve de produit d'appel pour des nouveaux abonnés dans le mobile et les commissions à chaque transaction par carte bancaire chez un commerçant. Pour Les Échos, cela risque de ne pas être suffisant et il faudra bien qu'Orange Bank passe à la vitesse supérieure en proposant des crédits et autres produits financiers plus complexes.