
Les élus calédoniens se réunissent à Matignon, en présence d'Édouard Philippe, pour un important comité des signataires de l'accord de Nouméa, à un an d'un référendum historique sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
Deux jours après une première réunion à l’Élysée, le comité des signataires de l’accord de Nouméa se rassemble jeudi 2 novembre à Matignon afin de préparer l’organisation du prochain référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie.
Le Premier ministre Édouard Philippe interviendra en début d'après-midi à cette rencontre consacrée à la préparation de la consultation. "Les enjeux pour la Nouvelle-Calédonie, pour les Néo-Calédoniens, quelles que soient leurs origines, leurs convictions, sont considérables", a-t-il martelé mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Au terme d'un fragile processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon et prolongé en 1998 par cet accord de Nouméa, un référendum d'autodétermination doit avoir lieu au plus tard en novembre 2018.
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Annick Girardin (@AnnickGirardin) 30 octobre 2017Des tensions autour du corps élecloral
La question du corps électoral du référendum figure en tête de l'ordre du jour, puisqu'il faudra être inscrit sur une liste électorale spéciale, plus restreinte que la liste électorale générale, avec entre autres critères, la date d’arrivée en Nouvelle-Calédonie, la durée de résidence ou la possession du "centre de ses intérêts matériels et moraux". L e sujet, hautement sensible, suscite un différend entre non-indépendantistes et indépendantistes sur l'inscription automatique des natifs de l'île sur la liste référendaire.
Comme l’explique le journal La Croix, l es indépendantistes souhaitent que seules les personnes de statut de droit coutumier, reconnu aux Kanaks (pour ce peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie, les droits de la personne, des biens, de la famille sont régis par les règles de la société traditionnelle) par dérogation du Code civil, soient automatiquement inscrites ; les loyalistes entendent que tous les Français nés sur le territoire le soient". Pour l’instant, le Conseil d’État a donné en septembre un avis en faveur de cette dernière proposition. Sollicité par le gouvernement, il a estimé qu'il était envisageable de pouvoir inscrire d'office tous les natifs, sous réserve d'une présence minimum de six mois dans la commune, sur la liste.
Pour que le résultat du référendum soit incontestable, d'autres points seront également abordés lors de la réunion à Matignon, tels que la présence d'observateurs de l'ONU, la mise en place de bureaux de vote décentralisés ou la prolongation du délai légal d'inscription sur les listes électorales au-delà du 31 décembre 2017.
Édouard Philippe se rendra prochainement sur l'île
Les indépendantistes réclament notamment l'ouverture de bureaux décentralisés à Nouméa, pour faciliter le vote des électeurs originaires des îles installés en ville.
Autre point d'achoppement, le libellé de la question posée, au cœur d'approches différentes, ne sera pas tranché et devrait faire l'objet d'un groupe de travail, puis d'un ultime comité des signataires en mars ou avril 2018. En cas de réponse négative à l'indépendance, deux autres scrutins référendaires sont envisagés par la loi.
Selon des sources concordantes, le comité des signataires de l'accord de Nouméa pourrait amorcer une sortie de crise. Édouard Philippe doit également se rendre sur l'île fin novembre ou début décembre et Emmanuel Macron a promis de s'y rendre lui-même "avant le mois de mai".
Une crise politique en Nouvelle-Calédonie
Les tensions dans l'archipel se cristallisent aussi autour des questions sociales et économiques. Comme le rappelle France culture, les écarts restent importants "entre le sud de Grande Terre, peuplé par les Caldoches (Calédoniens d’origine européenne, NDLR), où se concentrent les ressources financières, et les provinces du Nord et des îles, terres kanakes en grande difficulté (le taux de chômage atteint 30 % dans le Nord, contre seulement 8 % dans le Sud)".
À cela s'ajoute un climat politique local tendu. Depuis le 31 août, le gouvernement collégial est en effet cantonné à expédier les affaires courantes, en raison notamment de querelles entre non-indépendantistes. Les 11 membres du gouvernement de Nouvelle-Calédonie (six élus non-indépendantistes et cinq indépendantistes) ont tenté le 24 octobre pour la troisième fois en moins de deux mois d'élire leur président. Lors des deux précédentes tentatives, Philippe Germain, président sortant et candidat de la Plateforme, qui réunit les principaux partis de la droite, n'a pas obtenu la voix du sixième "ministre" non-indépendantiste. Selon Tahiti Infos, Christopher Gyges, des Républicains Calédoniens, refuse de soutenir Philippe Germain sans avoir obtenu au préalable des engagements sur "la stabilité fiscale, les transferts de compétence, la relance de l'emploi et la sécurité".
Avec AFP