
Les engagements pris, à ce jour, par les signataires de l’accord de Paris ne permettent que de couvrir un tiers des réductions d’émission nécessaires pour maintenir le réchauffement de la planète sous les 2°C, indique un rapport des Nations unies.
Deux ans après la COP21, qui a abouti à l’accord de Paris pour le climat, l’échec est proche, selon l’ONU. Dans la 8e édition de son rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’émissions de CO2, publié mardi 31 octobre, l’organisation prévient que l'écart est "catastrophique" entre les promesses nationales et les réductions qu'il faudrait véritablement opérer pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C.
"Les engagements actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions d'émissions nécessaires. [...] Les efforts sont encore insuffisants pour éviter un avenir misérable à des centaines de millions de personnes", prévient Erik Solheim, directeur de l’ONU Environnement, qui craint une intensification des canicules, inondations, super-ouragans et autres catastrophes naturelles.
“C’est inacceptable. Si nous investissons dans les technologies adéquates, en nous assurant que le secteur privé soit impliqué, il est possible de respecter la promesse que nous avons faite à nos enfants de protéger leur avenir. Il faut que nous nous y attelions dès maintenant”, poursuit-il, alors que la COP23 doit s’ouvrir dans une semaine à Bonn en Allemagne.
The #EmissionsGap: #ParisAgreement pledges only 1/3 of action needed to avoid worst effects of climate change https://t.co/6IH5knrInt pic.twitter.com/RAg4yxN6Jm
UN Environment (@UNEP) 31 octobre 2017Émissions stables dans le pétrole et le charbon
À ce jour, les différentes promesses nationales de réduction des émissions entraîneront “très probablement” une augmentation des températures d’au moins 3°C à l’horizon 2100, selon le rapport. “Dans le cas où les États-Unis donneraient suite à leur intention déclarée de quitter l’accord de Paris en 2020, le scénario pourrait se révéler encore plus sombre”, peut-on également lire dans le document.
L’ONU note toutefois que les émissions de CO2 issues de la combustion de ressources fossiles (charbon, pétrole et gaz) ont été stables en 2014, “en partie grâce à la transition vers des sources d’énergies renouvelables, notamment en Chine et en Inde”. L’espoir pour les défenseurs de la planète, que le pic des émissions ait été atteint et se dirige désormais vers une baisse. En revanche, le rapport révèle que la présence d'autres gaz à effet de serre, comme le méthane, continuent d’augmenter et que l’accélération de la croissance économique mondiale pourrait tout de même être responsable d’une nouvelle hausse des émissions de CO2.
“L’accord de Paris a donné un nouvel élan aux mesures pour lutter contre les changements climatiques mais cet élan faiblit”, déclare Edgar E. Gutiérrez-Espeleta, ministre de l’Environnement et de l’Énergie du Costa Rica et président de l’Assemblée des Nations unies pour l’Environnement 2017. “Nous faisons face à des choix douloureux : renforcer nos ambitions ou subir les conséquences de leur affaiblissement”, martèle-t-il.
Investir dans les technologies
Afin d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris, les gouvernements, le secteur privé, les villes et les autres parties prenantes sont appelés à se mobiliser. Les secteurs de l’agriculture, du bâtiment, de l’énergie, de la foresterie, de l’industrie et du transport sont particulièrement attendus au tournant. “Les investissements dans les technologies spécifiques à ces secteurs – d’un coût inférieur à 100 dollars par tonne de CO2 évitée, et souvent beaucoup moindre – pourrait contribuer à éviter jusqu’à 36 Gt éq-CO2 par an à l’horizon 2030”, préconise le rapport.
L’accord de Paris, entré en vigueur en 2016, vise à limiter le réchauffement climatique en-deçà des 2°C mais un objectif encore plus ambitieux de 1,5°C est également suggéré.