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Le président sud-africain, qui a fait de la lutte contre la pauvreté sa priorité, n’a pas encore fêté son 100e jour à la tête du pays qu’il doit affronter un vaste mouvement de protestation sociale. Qui peut s'embraser à tous moments.

L’hiver risque d’être rude pour le président sud-africain, Jacob Zuma, et son nouveau gouvernement. Des milliers d'employés municipaux ont entamé, lundi, une grève illimitée, quelques jours seulement après les violentes émeutes qui ont secoué plusieurs townships du pays. Il n’aura pas fallu longtemps au nouveau chef de l’Etat, élu il y a trois mois seulement, notamment sur son programme de lutte contre la pauvreté, pour être confronté à la réalité.

Le mouvement de grève n’est pas directement lié aux manifestations qui ont enflammé les bidonvilles les plus pauvres du pays, la semaine dernière. Les employés municipaux grévistes demandent d’abord de meilleurs salaires. "Nous négocions depuis le mois de mai, mais aujourd’hui nous nous trouvons dans une impasse", a déclaré à l’AFP Dale Forbes, le représentant de l’Union des travailleurs municipaux d’Afrique du Sud (SAMWU).

Mais selon Hugo van der Merwe, du Centre d’études des violences et de la réconciliation (CSVR), basé à Johannesburg, les deux mouvements témoignent d’un "profond mécontentement dû aux différences de niveaux de vie entre les riches et les pauvres en Afrique du Sud".

Les milliers de pauvres qui vivent dans les bidonvilles attendent des opportunités d’embauche et une amélioration des services de base. Beaucoup estiment déjà que Zuma, élu sur un programme que d’aucuns jugent "populiste", n’a pas tenu ses promesses. "Après 15 années de démocratie, le peuple est complètement découragé", analyse Hugo van de Merwe.

Les promesses électorales à l’épreuve de la récession

A l’heure où l’Afrique du Sud fait face à la crise économique mondiale, les engagements de campagne du candidat Zuma sonnent creux. Le pays est confronté à la pire récession qu’il ait connu depuis la fin de l’apartheid en 1991. Le taux de chômage s’établit officiellement à 23,5 %, mais de nombreux observateurs assurent qu’il est en réalité bien plus élevé. Près de 43 % des Sud-Africains vivent avec moins de deux dollars par jour.

Les travailleurs doivent jongler quotidiennement avec l’augmentation des prix de l’essence et des denrées alimentaires. Les personnes les plus touchées sont “les personnes qui perçoivent le salaire minimum, environ 300 euros", estime Hugo van der Merwe.

Soucieux de trouver une issue au problème des salaires, Jacob Zuma a demandé aux différentes parties d’entamer des pourparlers. Tout en se dédouanant. Après avoir affirmé qu’il fallait attendre un rebond de l’économie, le numéro un sud-africain répète à l’envi qu’il a simplement promis des solutions à court terme.

"A History of violence"

Déjà en 2008, des habitants des bidonvilles s’étaient révoltés. Plusieurs townships du pays avaient été le théâtre de violentes attaques contre des immigrés, notamment envers les Zimbabwéens et les Malawis. Au moins 70 personnes avaient été tuées lors de cette vague xénophobe.

Cette année, plusieurs ressortissants étrangers ont été victimes d’agressions, selon Hugo van der Merwe.

La répétition de ces actes de violences nuit à l’image de l’Afrique du Sud, qui accueille la prochaine Coupe du Monde de football en 2010. Mais Jacob Zuma a d’ores et déjà mis en garde ses concitoyens : la police a pour consigne de répondre de façon mesurée face aux mouvements pacifiques, mais elle n’hésitera pas à faire usage de la force si c’est nécessaire.