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Le scrutin prévu samedi dans les bastions de l'opposition a été de nouveau reporté pour des raisons sécuritaires au Kenya. La mort d’un manifestant, vendredi, porte à six le nombre de tués en moins de quarante-huit heures.
La crise électorale s'est encore aggravée, vendredi 27 octobre, au Kenya. Le scrutin partiel prévu samedi dans les bastions de l'opposition a été de nouveau reporté pour des raisons sécuritaires, retardant l'annonce de la victoire attendue d'Uhuru Kenyatta à cette présidentielle, boycottée par l'opposition.
La Commission électorale (IEBC) a décidé de reporter le vote, qui devait avoir lieu samedi dans l'ouest du pays, majoritairement peuplé par l'ethnie luo, celle de l'opposant historique, Raila Odinga.
Dans quatre comtés de l'ouest – Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya – sur les 47 que compte le pays, la présidentielle de jeudi n'avait pu être organisée à cause d'une situation chaotique et des menaces sécuritaires. La plupart des bureaux de vote y étaient restés fermés, le matériel électoral n'ayant pu être acheminé et les agents électoraux craignant pour leur sécurité.
Au moins six morts en deux jours
Malgré les appels à la retenue des deux camps, des affrontements violents avec la police ont lieu, depuis jeudi, dans de nombreux bastions de l'opposition, où les frustrations et le sentiment de marginalisation ont été exacerbés depuis des années.
Vendredi, un homme a été tué lors de nouvelles manifestations de l'opposition à Bungoma, dans l'ouest du Kenya, tandis qu’un autre a succombé la veille aux blessures reçues à Homa Bay, en marge de l'élection présidentielle, portant à six le nombre de morts en moins de quarante-huit heures, a-t-on appris de sources policière et hospitalière.
Les versions diffèrent sur les circonstances de la mort du manifestant de Bungoma vendredi. "La police a répondu pour contenir les manifestations mais un policier a été isolé par des jeunes. L'un a tenté de saisir son arme et c'est malheureusement à ce moment-là qu'il a été tué", a déclaré le chef de la police de la région, Moses Nyakwama.
Mais des témoins ont affirmé qu'il avait été tué quand des policiers ont ouvert le feu sur les manifestants. "Les gens fuyaient la police et c'est alors qu'ils ont commencé à tirer. Il est tombé et a commencé à saigner abondamment", a déclaré l'un d'entre eux, Maurice Wafula. Les échauffourées ont continué à Bungoma après la mort du manifestant, les autres jeunes empêchant la police de récupérer le corps.
Poursuites des manifestations à Homa Bay et Migori
Des manifestations se poursuivaient également à Homa Bay et des affrontements entre jeunes et policiers étaient aussi observés à Migori, une autre ville de l'Ouest, selon des journalistes de l'AFP. Dans ces trois villes, les habitants protestent contre la décision de la Commission électorale de reporter à samedi le scrutin, qui n'a pu se tenir jeudi en raison des violences. Ils refusent de prendre part à cette élection que le chef de l'opposition, Raila Odinga, a qualifiée de "mascarade".
En revanche, la grande ville de l'Ouest, Kisumu, où les violences avaient été les plus fortes jeudi, restait calme vendredi à la mi-journée et avait même repris une activité à peu près normale.
Dans le même temps, les opérations de compilation des résultats se sont poursuivies. Vendredi, la Commission électorale avait reçu les résultats de plus de 36 000 des 40 883 bureaux de vote du pays, a annoncé sur son compte Twitter son chef Wafula Chebukati. "Restons patients et calmes" dans l'attente des résultats, a-t-il exhorté, vendredi, lors d'un point de presse.
Avec AFP