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Au-delà des chercheurs, l’appel lancé par Emmanuel Macron pour faire de la France un pays leader dans la lutte contre le réchauffement climatique a aussi été entendu par de nombreux entrepreneurs, mais n'a pas encore suscité de projet d'envergure.

Emmanuel Macron a-t-il parlé réchauffement climatique et environnement, mercredi soir, avec les plus gros investisseurs de la planète ? En recevant à dîner à l’Élysée, mercredi 25 octobre, une vingtaine d’investisseurs internationaux, le président de la République avait un objectif : démontrer que depuis son élection, la France est en train de devenir un pays pro-business. L’occasion, sans doute aussi, de rappeler à ses invités son appel lancé il y a près de cinq mois pour faire de la France une nation leader dans le secteur de l’énergie et des cleantechs.

Alors que 255 chercheurs ont déposé un dossier sur la plateforme Internet "Make Our Planet Great Again" depuis sa mise en ligne le 8 juin, plus de 1 000 demandes d’information en provenance d’entrepreneurs ont également été reçues.

"On s’attendait à recevoir beaucoup de messages, mais pas à ce point. Il a fallu faire face au flux juste après la mise en ligne du site, c’était impressionnant", se souvient Caroline Leboucher, directrice générale déléguée de Business France, en charge des investissements étrangers, interrogée par France 24.

Quarante-cinq projets validés, plus de la moitié liés aux énergies propres

Il faut dire qu’à Business France, on n’a pas l’habitude d’être autant sollicité. D’ordinaire, ce sont les équipes de Caroline Leboucher qui repèrent, ciblent et contactent des entreprises étrangères susceptibles d’être intéressées par des investissements en France. Or, depuis l’appel d’Emmanuel Macron, c’est dans le sens inverse que le contact avec les acteurs internationaux du secteur énergie et cleantechs se fait désormais.

Sur l’ensemble des demandes traitées par Business France, près de 200 projets ont été jugés suffisamment intéressants pour aller plus loin dans les discussions et, au 30 septembre, 45 d’entre eux avaient officiellement fait l’objet d’une demande d’accompagnement pour leur implantation et leur développement.

Parmi ces projets entrepreneuriaux, 17 proviennent des États-Unis, 20 de pays membres de l’Union européenne, cinq d’Asie et trois d’Amérique (hors États-Unis), tandis que plus de la moitié sont directement liés aux énergies propres, à l’image de cette start-up italienne spécialisée dans la conception de chauffage écologique favorisant les circuits courts d’approvisionnement.

De nombreuses start-ups intéressées mais pas de projet d'envergure

À la différence de l’initiative visant à faire venir des chercheurs étrangers en France, le volet concernant les entrepreneurs n’a reçu aucun crédit de l’État. "Ce n’est pas la même logique pour les entreprises, souligne Caroline Leboucher. L’opération Make Our Planet Great Again a, en réalité, permis de mettre en lumière des dispositifs déjà existants et s’est ajoutée à un sentiment positif plus général concernant la France, qui est vue beaucoup plus favorablement à l’international depuis un an ou deux. Les investisseurs potentiels, en particulier dans le secteur de l’énergie et des cleantechs, sentent qu’il y a aujourd’hui en France un environnement et une volonté politique d’accompagner leurs projets."

L’appel du chef de l’État se concrétisera-t-il pour autant sur le terrain, que ce soit en termes d’emplois ou d’influence ? Pas certain. Aucun projet de grande envergure ne fait partie des 45 projets jusqu’ici détectés puisque "seulement" 600 emplois au total pourraient être créés. Et contrairement aux chercheurs, pour qui la décision de venir s’installer en France peut rapidement être mise en œuvre, les entrepreneurs ont besoin de temps – un projet d’implantation prend ainsi dix-huit mois en moyenne – et les projets d’implantation peuvent aussi être abandonnés en cours de route.

"On aimerait que les projets les plus mobiles fassent l’objet d’une prise de décision d’ici la fin d’année mais on sait que c’est compliqué, note Caroline Leboucher. Les chefs d’entreprise restent maîtres de leur calendrier."