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Le président égyptien Sissi entame une visite officielle en France, des ONG interpellent Macron

Emmanuel Macron, qui recevra mardi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en visite officielle en France, a été sommé par plusieurs ONG de mettre fin à la "scandaleuse tolérance" de Paris envers le "gouvernement répressif" de son invité.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a entamé lundi 23 octobre une visite officielle de trois jours en France, au cours de laquelle il sera reçu pour la première fois, mardi, par son homologue français Emmanuel Macron à l'Élysée.

La France, qui entretient d'excellentes relations commerciales et sécuritaires avec l'Égypte, a promis que la situation en matière de droits de l'Homme serait abordée à l'occasion de cet entretien. Dénoncé pour le bilan "catastrophique" de sa politique repressive, le pouvoir égyptien est sans cesse épinglé par les ONG.

Un "gouvernement répressif"

Plusieurs d’entre elles, dont Human Rights Watch, Amnesty International et Reporters sans frontières, sont montées au créneau, ce lundi lors d’une conférence de presse, contre le "gouvernement répressif" d’ Abdel Fattah al-Sissi. Rappelant que l'Égypte connaît "la pire crise des droits humains depuis des décennies", elles ont décrit cette visite comme un test crucial pour le président français, sommé de mettre fin à la "scandaleuse tolérance" de Paris envers Le Caire.

RSF participe à la conférence de presse inter asso à Amnesty pour dénoncer les violations des droits humains en Egypte #SissiàParis pic.twitter.com/OiJTCp3oA9

  مراسلون بلا حدود (@RSF_ar) 23 octobre 2017

Abdel Fattah al-Sissi doit rencontrer des entrepreneurs à l'occasion de sa visite. Il verra aussi des ministres, dont son "ami" Jean-Yves Le Drian, l'actuel chef de la diplomatie, qui a piloté des ventes d'armes majeures avec Le Caire lorsqu'il était ministre de la Défense sous l'ex-président François Hollande. Depuis 2015, l'Égypte a conclu des contrats d'armement avec la France pour plus de 6 milliards d'euros, comprenant notamment 24 avions de combat Rafale, une frégate, deux porte-hélicoptères Mistral et des missiles.

"Il faut être têtu mais discret"

Alors que l'Égypte est "l'élément central de la stabilité régionale" avec qui la France travaille "dans un esprit de confiance et d'efficacité", selon un responsable gouvernemental, Paris se défend de mettre au second plan la question des droits de l'Homme. La rencontre entre les deux dirigeants "permettra d'évoquer les sujets d'intérêt commun comme les crises régionales et la lutte contre le terrorisme, mais également la situation des droits de l'Homme, à laquelle la France est particulièrement attentive", indiquait la semaine dernière l'Élysée.

Toutefois, Paris revendique aussi la discrétion en la matière. "Si on arrive en leur disant : 'Ce n'est pas bien ce que vous faites', ce n'est pas efficace. Ce qui peut marcher, c'est d'évoquer des cas précis. Il faut être têtu, mais discret", selon une source diplomatique.

"Il faut en parler publiquement", conteste Hussein Baoumi, responsable de campagne sur l'Égypte pour Amnesty International, présent lors de la conférence de presse : "Le silence des gouvernements étrangers envoie le message aux autorités égyptiennes qu'elles peuvent continuer" leur répression.

Abdel Fatah al-Sissi s’est hissé au pouvoir en 2013, après avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans. La répression s'est abattue en priorité sur les islamistes, avant de toucher peu à peu toute l'opposition, les médias, les ONG et la société civile. Arrestations massives, condamnations à mort, usage à grande échelle de la torture, persécutions contre les homosexuels, etc. : Le Caire est souvent pointé du doigt.

"Il n'y a plus aucun espace pour la contestation, de quelque ordre qu'elle soit, en Égypte. Une seule opinion est permise, c'est l'opinion d'État", a dénoncé Hussein Baoumi.

Avec AFP