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Irak : Bagdad reprend la quasi-totalité des champs pétroliers de Kirkouk

Bagdad a repris le contrôle de la quasi-totalité des champs pétroliers de Kirkouk, portant ainsi un coup dur aux rêves d'indépendance du Kurdistan. Le Premier ministre irakien a en outre souligné que le référendum faisait "désormais partie du passé".

Les troupes gouvernementales irakiennes ont repris, mardi 17 octobre, la quasi-totalité des champs pétroliers de la province de Kirkouk, après le retrait des forces kurdes, ruinant les espoirs d'indépendance de la région autonome du Kurdistan en plein marasme économique.

Dans une première réaction, le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a rejeté la faute, sans le nommer, sur le parti rival, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), auquel appartient le président irakien Fouad Massoum. "Certaines personnes appartenant à un parti politique ont ouvert (...) la voie à cette attaque" dans la province de Kirkouk, a-t-il dit.

Selon des responsables, l'avancée des forces irakiennes a en effet été facilitée par le fait qu'une grande partie des peshmergas (combattants kurdes) de l'UPK se sont retirés de plein gré aux termes d'un accord avec Bagdad.

Depuis le début de l'opération il y a deux jours, les blindés ont avancé pour réimposer l'autorité du pouvoir central dans cette province du nord-est de l'Irak, où les combattants kurdes s'étaient installés en 2014 face à des troupes irakiennes alors en pleine débandade devant la percée du groupe État islamique (EI).

"C'est une richesse nationale"

Mardi, les forces gouvernementales ont descendu les drapeaux kurdes hissés sur les bâtiments et postes de contrôle des deux principaux champs pétroliers, Bay Hassan et Havana, pour les remplacer par l'étendard irakien.

Pour le colonel Ahmed Modhi, de la police nationale, la prise par les forces irakiennes de ces champs est un juste retour des choses. "C'est une richesse nationale, elle appartient à l'Irak", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq des six champs de la province de Kirkouk sont désormais contrôlés par Bagdad, qui récupère une production potentielle de plus de 400 000 barils par jour.

"C'est la fin de l'autonomie économique du Kurdistan"

Les Kurdes ne contrôlent plus qu'un champ mineur dans la région, celui de Khourmala. Jusqu'ici, près des trois quarts de la production pétrolière de Kirkouk étaient exportés par le Kurdistan, contre l'avis de Bagdad.  Dans ce contexte, les marchés surveillaient mardi avec inquiétude une possible réduction de l'offre mondiale de pétrole. "Avec la perte de ces champs, le portefeuille kurde est divisé par deux", souligne le géographe français Cyril Roussel. "C'est la fin de l'autonomie économique du Kurdistan et du rêve d'indépendance", juge-t-il.

"Ce n'est qu'après avoir annexé, en juillet 2014, les gisements de Kirkouk que le président kurde Massoud Barzani avait commencé à parler d'indépendance. Avant, il ne parlait que d'autonomie", rappelle ce spécialiste du Kurdistan irakien.

Le référendum "fait désormais partie du passé"

Pour le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, le référendum d'indépendance kurde, tenu le 25 septembre et qui avait vu le "oui" l'emporter largement, "fait désormais partie du passé", de même que "son résultat".

Le président irakien, lui même kurde, a fait porter mardi la responsabilité de l'intervention militaire de Bagdad sur le référendum d'indépendance, initié par Massoud Barzani, qui a "créé des différends dangereux entre le gouvernement central et celui du Kurdistan".

Avec AFP