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Après sa défaite aux régionales, l'opposition vénézuélienne pose ses conditions à un dialogue

La nette victoire du camp du président socialiste Nicolas Maduro aux élections régionales vénézuéliennes est un coup dur pour l'opposition, pourtant donnée largement favorite, qui conteste les résultats mais apparaît déboussolée.

Déboussolée par la nette victoire du camp du président socialiste Nicolas Maduro aux élections régionales vénézuéliennes, l'opposition, qui était donnée largement favorite, a écarté, lundi 16 octobre, tout dialogue avant un audit indépendant de ce scrutin.

"Nous n'assisterons à aucun processus de discussion ou de négociation tant que cet audit n'aura pas été accepté et que n'auront pas eu lieu les changements requis pour l'exercice normal des droits politiques des Vénézuéliens", a annoncé lundi soir Angel Oropeza au nom de la coalition d'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD), lors d'une conférence de presse.

Concrètement, l'opposition demande "une vérification internationale fiable" du scrutin de dimanche, pour lequel aucun observateur international n'avait été autorisé. "Nous appelons le peuple (vénézuélien) et le monde à se battre pour un nouveau système électoral et pour la convocation urgente d'élections libres et transparentes", a ajouté Angel Oropeza, en accusant le régime de "fraudes, violences, irrégularités, manipulations, extorsions et chantage pour nier la volonté des Vénézuéliens".

La possibilité d'une sortie de crise rapide s'éloigne donc pour ce pays pétrolier rongé par de graves problèmes économiques et politiques, selon les analystes consultés par l'AFP.

"Le chavisme est vivant, et il triomphe"

Officiellement, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), au pouvoir, s'est imposé dans 17 des 23 États du pays, selon le Conseil national électoral (CNE). Au niveau national, le chavisme – du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro – obtient 54 % des votes, contre 45 % à ses adversaires.

"Le chavisme est vivant, et il triomphe", s'est félicité le chef de l'État, Nicolas Maduro, aussitôt félicité par Raul Castro, le leader cubain, selon qui le Venezuela "a donné une leçon de paix et de démocratie".

Les gouverneurs élus devraient prêter serment mardi devant la toute puissante Assemblée constituante. Une condition sine qua non imposée par le président mais rejetée par ses adversaires, qui ne reconnaissent pas cette instance, laissant augurer un nouveau bras de fer.

"Il faut continuer à se battre", a lancé lundi matin Carlos Ocariz, un des candidats battus de la MUD. Mais le cœur n'y est plus, comme en témoignaient les rues désertes à l'est de la capitale, l'un des bastions de l'opposition, dimanche soir et lundi matin. Un calme étonnant après les quatre mois de manifestations quasi-quotidiennes, d'avril à juillet, qui avaient fait descendre dans les rues des centaines de milliers de personnes, avec un bilan final de 125 morts.

"Descendre dans la rue n'a servi à rien"

"Descendre dans la rue n'a servi à rien. Qu'est-ce que ça va changer d'aller voter à la présidentielle ? On sait déjà ce qui va se passer", a déclaré à l'AFP Bianca, 33 ans, en référence à ce scrutin prévu fin 2018.

À l'appel de l'opposition, les manifestants exigeaient le départ du président. Après avoir boycotté l'élection des membres de l'Assemblée constituante fin juillet, les anti-Maduro avaient changé leur fusil d'épaule en appelant la population à voter dimanche. Toujours sans succès.

Et la voie de la négociation semble compromise. "Le dialogue, je n'y crois pas. On va tout droit vers davantage de confrontation", selon le politologue Luis Salamanca.

"Les divisions de la MUD sur la meilleure stratégie pour affronter le gouvernement (manifestations, élections ou dialogue) vont s'aggraver", prédit Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet britannique IHS, selon qui ce sont "les protestations dans la rue et la communauté internationale qui vont donner le ton".

Si lundi matin la Chine, allié de Caracas, a salué un processus électoral "en douceur", les États-Unis ont, eux, "condamné" des élections "ni libres ni justes".

L'Union européenne a déclaré que ces résultats ne modifiaient pas sa "ligne de conduite". Les 28 États membres de l'UE ont récemment donné leur "accord de principe" à la mise en place de sanctions contre le régime du président Maduro en réponse à la répression contre l'opposition.

Avec AFP