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Alors que la tension entre Erbil et Bagdad atteint des sommets depuis le 25 septembre, jour du référendum d'indépendance kurde, le très influent ex-Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a accordé un entretien exclusif à France 24.

En Irak, alors que l’organisation État islamique (EI) a quasiment perdu l’ensemble des territoires qu’elle contrôlait, c’est désormais la question kurde qui est sur toutes les lèvres. Et pour cause, la situation demeure explosive entre Erbil et Bagdad, depuis le 25 septembre, jour du référendum d'indépendance kurde.

Forces irakiennes et kurdes se font actuellement face à la lisière de la ville disputée de Kirkouk, samedi 14 octobre, dernier jour de l’ultimatum donné par le gouvernement central aux peshmerga kurdes pour qu'ils se retirent des zones contestées, occupées depuis 2014.

Écarté du sommet du pouvoir depuis trois ans, l’ex-Premier ministre chiite (de 2006 à 2014) et ancien homme fort du pays Nouri al-Maliki reste très influent au sein de la classe politique. Accusé par ses nombreux détracteurs d’avoir contribué, de par sa politique autoritaire et sectaire, à la montée en puissance de l’EI et d’avoir attisé les velléités séparatistes kurdes, le vice-président, un poste honorifique, n’a toujours pas renoncé à ses ambitions politiques, d'autant plus que se profilent des élections législatives au printemps 2018.

Dans un entretien exclusif accordé à France 24, Nouri al-Maliki souligne que l’unité de l’Irak est "une ligne rouge". La "moindre entorse" à ce principe "menace de semer le chaos non seulement en Irak, premier concerné, mais aussi dans l’ensemble des pays de la région", a-t-il prévenu.

"Jamais nous n’accepterons" l’établissement d’un État indépendant kurde

S’il s’est dit ouvert au dialogue avec les dirigeants kurdes, "à condition qu’ils annoncent l’annulation du référendum et qu’ils renoncent à ses conséquences", Nouri al-Maliki a précisé qu’il refusait "catégoriquement" l’établissement d’un État indépendant kurde dans le nord de l’Irak. "Jamais nous ne l’accepterons", a-t-il martelé.

Interrogé sur les risques d’une escalade armée entre les forces irakiennes et kurdes, Nouri al-Maliki a laissé entendre que cette possibilité n’était pas à exclure.

"Nous n’avons pas l’intention, que ce soit le gouvernement, le Parlement, le peuple, les milices armées ou encore les responsables religieux, sunnites ou chiites, de plonger le pays dans une guerre, dont les premières victimes seraient la population kurde et, d’un point de vue général, la stabilité de l’Irak, a-t-il affirmé. Cependant, nous ne pouvons assurer qu’en face, ceux qui menacent l’unité du pays, qui veulent garder le contrôle des régions pétrolières et mixtes, excluent cette perspective de leur côté". Après l’annonce des résultats du referendum, le président du Kurdistan autonome Massoud Barzani avait appelé Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue".

"Si jamais le pouvoir irakien échoue à stopper cette tentative de partition du pays", risquent d'apparaître "d’autres appels séparatistes dans plusieurs régions de l’Irak, dans l’Ouest [majoritairement sunnite] ou dans le Sud [majoritairement chiite]".

Les législatives 2018 menacées par la question kurde ?

"Nous ne voulons ni affamer le peuple kurde, ni lui déclarer la guerre, tous nos efforts tendent à faire appliquer la légalité et la Constitution", a-t-il assuré. Cependant il a pris soin de rappeler au passage que le territoire autonome kurde restait dépendant de Bagdad, car "il ne dispose pas d’infrastructures suffisantes pour stocker des denrées alimentaires, des médicaments à même de répondre aux besoins de la population".

Moins d’un an avant l’organisation des législatives, Nouri al-Maliki, rival de l’actuel Premier ministre Haïdar al-Abadi issu du même parti chiite Dawa, a dit redouter que la question kurde ne vienne perturber le scrutin. "Si les Kurdes persistent, et que Massoud Barzani ne recule pas, cela aura forcément des conséquences sur les élections", a-t-il prédit.

Il existe, selon lui, deux voies possibles, la première étant le report du scrutin, qui serait alors prononcé "sans aucune base légale", et la seconde qui consiste à le maintenir à la date prévue. "Si c’est la première option qui l’emporte, le pays plongera dans une crise constitutionnelle, parlementaire et gouvernementale", avertit celui dont le bloc parlementaire était arrivé en tête aux élections législatives d’avril 2014, sans toutefois parvenir à obtenir la majorité des sièges.