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Maisons de santé, rôle étendus des infirmiers, cumul-emploi-retraite… En déplacement en Haute-Vienne, le Premier ministre Édouard Philippe a détaillé le plan de son gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux.

Assurer l'accès aux soins de tous, partout en France – tel est l'objectif affiché du plan de lutte contre les déserts médicaux annoncé vendredi 13 octobre par le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la Santé et des solidarités Agnès Buzyn.

"L'accès aux soins est au cœur du pacte social", a déclaré le Premier ministre, venu inaugurer une maison de santé à Châlus, en Haute-Vienne, dans une région confrontée comme tant d'autres au manque de médecins.

Le décor choisi par le gouvernement, à une trentaine de kilomètres de Limoges, n'est pas anodin. Conformément à une promesse du candidat Macron, le plan, fruit d'une concertation avec les professionnels et élus, prévoit de doubler le nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles (910 en mars 2017) sur tout le quinquennat.

"Dans le cadre du grand plan d'investissement, nous avons prévu d'investir 400 millions d'euros pour participer au financement des 1 000 maisons et centres de santé sur cinq ans", a-t-il promis.

Nous consacrerons 200 millions d’euros sur 5 ans pour aider les médecins à s'installer dans les territoires à l’offre de soins insuffisante. https://t.co/1ZKxq41fmA

  Edouard Philippe (@EPhilippePM) 13 octobre 2017

Pas d'évolution du numerus clausus, plus de télémédecine

Moins parlantes pour le grand public, d'autres pistes complètent un "panel de solutions adaptables à chaque territoire" vanté par Agnès Buzyn, opposée aux "mesures définitives" et "illusoires". Comme elle, Édouard Philippe ne "croit pas à la répartition forcée et administrative" des médecins.

Ces derniers continueront donc de s'installer où ils le souhaitent et le numerus clausus (nombre d'étudiants formés, relevé par le précédent gouvernement) n'évoluera pas.

Le cumul emploi-retraite, déjà pratiqué par près de 17 000 médecins, sera favorisé grâce à une exonération de cotisation élargie dans les zones en tension.

Les médecins généralistes proches de la retraite ou déjà en retraite pourront cumuler plus facilement revenus et pension. #SoinsPourTous

  Edouard Philippe (@EPhilippePM) 13 octobre 2017

Autre axe du plan, le développement de la télémédecine passera lui par la fixation de tarifs lors de négociations entre les médecins libéraux et l'Assurance maladie au premier trimestre 2018. Un matériel de téléconsultation est également promis à tous les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) d'ici 2020".

Le Premier ministre a par ailleurs insisté sur "le rôle essentiel des infirmiers" et souhaite étendre leur rôle. Le dispositif expérimental Asalee, qui permet à des infirmiers libéraux de suivre, en partenariat avec des généralistes, des malades chroniques, sera pérennisé. "De nouvelles formations seront proposées dès la rentrée 2018" pour permettre aux soignants d'acquérir de nouvelles compétences "ensuite reconnues par des rémunérations spécifiques", a également ajouté Édouard Philippe.

Salué par les généralistes, fustigé par les infirmiers

Le regroupement autonome des jeunes généralistes (ReAGJIR) a salué les mesures présentées par le Premier ministre, estimant qu'elles étaient susceptibles de diminuer les disparités entre les territoires.

Même constat pour l'intersyndicale des internes en médecine générale (ISNAR-IMG), qui se réjouit du parti pris "ambitieux", en accord avec leurs idées.

“délégation des tâches” en desert médical : les #infirmiers ne sont pas des tacherons! Compétences, formation diplômante, decret d'acte pic.twitter.com/5oTXu16zma

  SNPI infirmier (@infirmierSNPI) 13 octobre 2017

Le syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC) refuse pour sa part que les infirmiers réalisent plus d'actes médicaux sans reconnaissance financière et statutaire.

Avec AFP et Reuters