
Elle a beau être élégante et parfaitement finie, l’Apple Watch n’a jamais su se rendre indispensable à nos poignets. Mais maintenant qu’elle peut remplacer notre téléphone grâce à sa puce 4G, il se peut qu’elle ait trouvé sa place dans nos quotidiens.
Je ne vais pas tourner autour du pot : vous êtes rares, très rares, à trouver une véritable utilité à l’Apple Watch depuis sa sortie en 2015 (du moins si je m’en fie aux discussions que j’ai sur le sujet depuis environ deux ans). Lorsque vous en possédez une - qu’elle soit de première ou de seconde génération -, nombre d’entre vous m’ont confié qu’elle avait fini par se retrouver au fond d’un tiroir, batterie à plat. C’est à peine parfois si vous savez où se trouve son chargeur magnétique.
Autant dire que l’annonce, le 12 septembre dernier, d’un troisième modèle d’Apple Watch a retenu votre attention à peu près autant que la newsletter hebdo de Kiabi dans vos spams. Évidemment, j’ose espérer qu’une poignée de lecteurs aime porter sa montre Apple au quotidien et attend de cet article des retours concrets sur ce nouveau modèle avant de se lancer dans un investissement. Pour rappel, cette Apple Watch Series 3 est équipée d’une carte eSIM, lui permettant d'être un "petit smartphone" à part entière. C’est bien cette version, compatible avec le réseau 4G, que j’ai pu porter pendant près de trois semaines, un temps à mon sens suffisant pour vous faire part de véritables remarques plus que d’impressions.
Son atout principal : elle m’a permis de prendre mes distances avec mon iPhone
Au risque de passer pour une personne relativement imblairable, je dois avouer que j’entretiens une relation assez fusionnelle avec mon iPhone. J’ai également un smartphone Android, qui me fait plutôt office de téléphone professionnel (tests et suivi de l’actualité tech obligent). Je ne suis pas du tout obsédée par les réseaux sociaux, mais il s’avère qu’au fil du temps, j’ai pris comme beaucoup d’entre nous l’habitude d’avoir ce téléphone toujours avec de moi, dans ma poche ou dans ma main - et même plus vraiment dans mon sac.
Il ne m’a plus suivie durant mes pauses déjeuner, ou lorsque je suis sortie de chez moi faire quelques courses
Durant ces dernières semaines, l’Apple Watch cellulaire m’a justement permis de m’éloigner de ce smartphone trop présent. Car en ayant désormais la possibilité de recevoir appels, SMS et notifications sur la montre sans que celle-ci n’ait plus besoin d’être à proximité de l’iPhone avec lequel est elle jumelée, je n’ai plus "peur" de manquer un coup de fil ou un message urgent. L’iPhone est resté parfois plusieurs heures dans mon sac et il ne m’a plus suivie durant mes pauses déjeuner, ou lorsque je suis sortie de chez moi faire quelques courses. Idem lorsque je me suis trouvée en soirée ou en week-end avec des proches : l’iPhone n’était plus sur la table ou dans ma poche de jean, mais rangé, parfois très loin. La montre, elle, vibrait discrètement à mon poignet sans retenir mon attention plus d’une demi-seconde.
Concrètement, en cas de coup de fil reçu directement sur l’Apple Watch, il est possible de décrocher et de converser soit par le biais des hauts-parleurs de la montre (pas très discret, mais pratique quand on a les bras chargés par exemple), soit en passant par des écouteurs Bluetooth. Les notifications des SMS et des applications s’affichent également, mais il ne faudra compter que sur Siri (qui pour la première fois parle à voix haute sur ce modèle), à qui l’on s’adresse oralement, ou sur les emojis, pour formuler nos réponses.
Bien sûr, il n’est en rien question d’une forme de "sevrage" vis à vis de notre téléphone : cette Apple Watch, même indépendante de lui, ne fait que le remplacer, le prolonger. Mais parce qu’elle n’offre que des options d’interaction limitées, elle m’a permis de me libérer de cette obligation – imposée par moi-même – d’être toujours disponible dans la seconde. Un message WhatsApp ? Lorsque j’utilise mon iPhone, j’ai tendance à y répondre dans l’instant. Un SMS ? Pareil. Une notification Twitter ? Je ne vais pourvoir m’empêcher à un moment de regarder de quoi il s’agit. En réalité, l’Apple Watch me fait faire le tri : "Ceci peut attendre", "Ceci mérite que je m’empare de mon téléphone", "Ceci ne mérite pas mon attention". Voilà ce que je considère comme le plus grand défi relevé par cette Series 3.
Elle m’a permis de me libérer de l'obligation (imposée par moi-même) d’être toujours disponible dans la seconde
Son inconvénient majeur : elle coûte un bras (sans mauvais jeu de mots)
D’un point de vue design, aucun changement avec les modèles précédents, si ce n’est cette (étrange) pastille rouge sur la molette. Elle reste pour moi un très bel objet, décliné en deux tailles d’écran (38 et 42 mm de hauteur), à choisir en fonction du poignet de chacun. Apple propose en revanche un choix plus large de bracelets, notamment une version sport assez réussie. Le fait est qu’il faudra bien le choisir, car un bracelet supplémentaire coûte au minimum 59 euros.
Pour rappel, le prix de départ de cette Apple Watch Series 3 cellulaire (avec un boîtier en aluminium) est de 449 euros. Il faut aussi prendre en compte le fait qu’activer la 4G a un coût : 5 euros par mois chez Orange, qui est pour l’instant le seul opérateur français à prendre en charge le service. On imagine que Bouygues ou SFR suivront, mais il faudra probablement attendre quelques mois. Attention, ces 5 euros ne correspondent pas à une sorte de petit forfait indépendant : la consommation de données est bien décomptée de notre forfait principal. Le roaming, en revanche, n’est pas supporté par l’Apple Watch. Apple explique avoir fait ce choix pour nous éviter les mauvaises surprises sur la facture, le contrôle de sa consommation depuis la montre étant plus difficile, mais aussi parce les différentes fréquences émises dans le monde ne sont pas compatibles avec un seul et même modèle.
Ce qu’il faut également savoir
- Elle ne séduit plus les développeurs : alors que tout le monde pensait que l’Apple Watch était en train de s’éteindre lentement dans son coin, les versions WatchOS de certaines applications ont tout simplement disparu au cours de ces derniers mois. C’est le cas de Google, d’Amazon et d’eBay par exemple, dont on ne trouve plus de trace sur l’AppStore. Impossible également de télécharger la version WatchOS de Twitter à ce jour. RENDEZ TWITTER.
- Elle présente quelques bugs : parce que le service est peut-être encore balbutiant, j’ai parfois eu des problèmes à connecter ma montre au réseau Wi-Fi ou 4G. Certains SMS n’ont jamais voulu partir. Je pense néanmoins que ce genre de désagrément devrait se régler avec quelques mises à jours. Plus agaçant, le fait que l’écran ne s’affiche pas toujours de façon fluide lorsque je lève le bras pour lire une notification. Je dois souvent m’y reprendre à plusieurs reprises, voire donner un coup de poignet assez fort, pour l’activer.
- Elle nécessite d’être client chez Orange - du moins pour l’instant : comme dit précédemment, l’abonnement eSIM, qui permet de garder le même numéro de téléphone que celui associé à sa SIM principale, n’est pour l’instant disponible que chez Orange, seul opérateur à disposer des moyens techniques à ce jour. Bon à savoir : Orange offre les 6 premiers mois d'abonnement sans engagement.
+ Elle plaira aux sportifs : certes, elle n'est pas exclusivement destinée aux sportifs comme le dernier modèle de smartwatch de Samsung, la Gear Sport. Mais il n'était pas question pour Apple de négliger cette catégorie d'utilisateurs. Capteur cardiaque plus puissant, mesures plus précises, données plus complètes... La Serie 3 place la barre haut en matière de suivi de santé, et présente les mêmes avantages que les bracelets connectés de sport les plus performants du moment (ajout d'un altimètre barométrique qui permet de mesurer les dénivelés franchis et de mettre en perspective les données cardiaques, possibilité de l'utiliser dans la mer ou en piscine, ou encore stockage de la musique qui passe de 8 à 16 Go...)
Il est donc temps de répondre clairement à la question posée dans le titre : oui, l'Apple Watch Series 3 4G – et je dis bien 4G – donne enfin un sens à ce wearable version Apple. Mais même si elle parvient à perdre de son côté gadget, elle reste encore un accessoire. Un accessoire aussi cher qu'un smartphone.
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