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La presse a publié des extraits du rapport de synthèse de la Brigade financière, accablant pour le socialiste Julien Dray, soupçonné d'avoir bénéficié de 350 000 euros issus d'associations. Un renvoi en correctionnelle n'est plus à exclure.

AFP - L'enquête policière menée sur les comptes de Julien Dray depuis plus de sept mois est accablante pour l'élu socialiste, suspecté d'avoir bénéficié de fonds issus d'associations et menacé d'un renvoi en correctionnelle même si aucune décision n'est encore prise, selon le parquet.

Les avocats de M. Dray ont réagi à des fuites vendredi dans la presse en annonçant leur intention d'attaquer en justice Médiapart et Le Monde qui ont publié de larges extraits du rapport de synthèse des policiers de la Brigade financière (BF).

Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin a de son côté fait savoir qu'"aucune décision" n'était encore prise concernant d'éventuelles suites pénales à donner à cette affaire. Les deux articles ont fait état d'un renvoi en correctionnelle de M. Dray et d'une "demi douzaine" de personnes.

M. Marin a donné jusqu'au 25 septembre aux avocats pour faire d'éventuelles observations, avant un classement sans suite de l'enquête ou une citation directe devant le tribunal.

Les policiers enquêtent depuis le 10 décembre 2008 sur des mouvements financiers entre la Fidl (organisation lycéenne), Les Parrains de SOS Racisme et M. Dray, par l'intermédiaire de deux de ses proches.

Ces mouvements de fonds suspects sont évalués au total à environ 350.000 euros entre 2005 et 2008, le plus souvent sous forme de chèques.

Les enquêteurs soupçonnent ainsi la Fidl d'avoir versé quelque 23.000 euros à une proche collaboratrice de M. Dray, dont une partie importante aurait été reversée à l'élu socialiste.

Dans ce rapport, écrit au terme de l'enquête menée par le parquet, les enquêteurs épinglent également Les Parrains de SOS Racisme, émanation de l'organisation antiraciste destinée à régler les dépenses en espèces de l'association.

Deux proches collaborateurs de M. Dray auraient ainsi perçu des Parrains des virements pour des prestations non établies et en auraient reversé une importante partie au député. Ils auraient même, selon les enquêteurs, bénéficié d'un système de fausse facturation.

Au cours de leurs auditions, M. Dray et ses deux proches auraient justifié ces versements par des prêts à des périodes où M. Dray rencontrait des difficultés financières.

Sur les quatre dernières années, les dépenses annuelles moyennes de M. Dray se seraient ainsi élevées, selon les policiers, à 521.919 euros (soit environ 43.500 euros par mois) pour des revenus inférieurs, estimés à en moyenne 407.854 euros (34.000 euros par mois).

Devant les enquêteurs, qui ont écarté la piste d'un financement politique, M. Dray a assuré n'avoir bénéficié d'"aucun enrichissement (ni) d'aucune malversation". "Je ne suis pas un irresponsable dépensier, je ne suis en rien un homme qui vit dans la luxure", s'est-il défendu lors de son audition à la BF fin juin.

Ses avocats, qui ont déjà intenté plusieurs actions en justice contre des médias, ont annoncé à l'AFP leur intention d'attaquer les deux médias, qui affirment que M. Dray et "une demi-douzaine" de personnes seront renvoyés devant le tribunal en septembre.

Dans un communiqué commun, Mes Florence Gaudillière et Léon-Lef Forster ont exprimé leur "stupéfaction à la lecture des articles" dont les auteurs n'ont pris le "soin de contacter aucune des personnes qu'ils mettent en cause".

Me Claire Doubliez, avocate de la collaboratrice de M. Dray, a pour sa part regretté que "le parquet, pourtant garant du respect des lois, se montre peu ému devant ces violations si récurrentes du secret de l'enquête qu'elles semblent orchestrées".