
Une photo prise le 22 septembre 2020 montre un drapeau national saoudien à Riyad. © Fayez Nureldine, AFP
Le rythme des exécutions s'accélère dans le royaume wahhabite. Lundi 4 août, deux Saoudiens ont reçu le châtiment ultime à La Mecque pour "terrorisme". Samedi et dimanche, 15 personnes ont été exécutées, dont 13 pour avoir introduit du haschich en contrebande et une pour trafic de cocaïne. Tous, sauf un, étaient des étrangers. Bilan : 17 mises à mort en trois jours. Fourni par l'AFP, ce décompte se base sur les annonces officielles.
Depuis début 2025, l'Arabie saoudite a exécuté 239 personnes, dont 161 pour des condamnations liées aux stupéfiants, selon le décompte de l'AFP. En 2024, le royaume avait procédé à 338 exécutions, un record qui risque d'être encore dépassé cette année.
Il n'avait pas exécuté autant de personnes dans un laps de temps aussi court depuis mars 2022, lorsqu'il avait suscité de vives condamnations internationales en procédant à l'exécution massive de 81 personnes en une journée pour des accusations liées au terrorisme.
"Particulièrement inquiétant"
Parmi les 136 étrangers exécutés en 2025, 125 l'ont été pour trafic de stupéfiants.
Pour Jeed Basyouni, de l'organisation de défense des droits humains Reprieve, basée à Londres, "l'année 2025 a vu une augmentation marquée des exécutions liées aux infractions à la législation sur les stupéfiants, notamment concernant le cannabis".
"Cela est particulièrement inquiétant dans un contexte mondial où la tendance va plutôt vers la dépénalisation de la possession et de la consommation de cannabis", a-t-elle assuré à l'AFP.
Des experts contactés par l'AFP relient cette hausse à la "guerre contre la drogue" lancée par Ryad en 2023, notamment contre la consommation croissante de captagon, dont le royaume, première économie du monde arabe, est l'un des principaux marchés, selon l'ONU.
L'Arabie saoudite a repris les exécutions dans les affaires de drogue à la fin 2022, après un moratoire d'environ trois ans, exécutant 19 personnes en 2022, deux en 2023 et 117 en 2024, selon un décompte de l'AFP.
Ce calendrier explique en partie l'actuelle flambée, précise à France 24 Karim Sader, politologue spécialiste des pays du Golfe : nombre de condamnés, dont le sort était "gelé" lors du moratoire, ont récemment et finalement vu leur mise à mort appliquée.
Ryad affirme ne prononcer des peines de mort qu'après l'épuisement de tous les recours et explique que ces mesures visent à garantir la sécurité et à protéger le royaume contre la drogue.
Pour les défenseurs des droits humains, le maintien de la peine capitale contredit l'image de modernité que le royaume cherche à véhiculer.
Avec AFP