Au lendemain de l'attaque à Marseille revendiquée par l'organisation État islamique, la remise en liberté de l'assaillant, en situation irrégulière, deux jours plus tôt à Lyon, pose la question d'une possible défaillance de l'administration.
François Molins, le procureur de Paris, l’a annoncé, lundi 2 octobre, en conférence de presse, ouvrant la voie aux critiques : l'auteur des coups de couteau qui ont tué deux femmes dans la gare Saint-Charles, à Marseille, la veille, avait été interpellé vendredi à Lyon pour vol à l'étalage puis relâché. La procédure le concernant avait finalement été classée sans suite.
Connu depuis 2005 par les services de police sous sept identités différentes pour des faits de droit commun, l’homme – Ahmed H. - était en situation irrégulière et détenteur d'un passeport tunisien. Mais "les autorités préfectorales locales n'ont pas été en mesure de prendre une mesure d'éloignement à son encontre", a souligné François Molins.
Lundi soir, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a donc saisi l'inspection générale de l'administration (IGA) pour mettre au claire la procédure de remise en liberté. Selon l'Intérieur, l'enquête "vise à faire toute la lumière sur l'action des services de l'État et à être en mesure d'en tirer, si nécessaire, les enseignements". L’IGA devra rendre ses conclusions "sous une semaine", a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
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La préfecture du Rhône n’a pas donné son feu vert
"Ce qui nous surprend c'est que comme il était en état de situation irrégulière, on ne l'ait pas gardé", a réagi le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR). Une situation qui pourrait s’expliquer par une défaillance dans les ressources humaines de la préfecture du Rhône.
Selon des sources proches de l’enquête, Ahmed H. n'a pas pu être placé en centre de rétention car la préfecture du Rhône n'a pas donné son feu vert. "La personne de permanence à la préfecture du Rhône, ayant autorité pour signer l'obligation de quitter le territoire et le placement en centre de rétention (...) était absente", a expliqué une de ces sources. "Il y avait aussi un problème de disponibilité de place en rétention le samedi matin", a fait valoir une autre source.
Selon une autre source proche du dossier, l'homme, qui a déclaré être entré en France en 2003, avait déjà fait l'objet en 2005 d'un arrêté de reconduite à la frontière par le préfet du Var, avant d'être remis en liberté au bout de deux jours, en raison du manque de places en centre de rétention administrative (CRA) et faute de document d'identité. Il a ensuite séjourné en Italie où, de 2009 à 2017, il a bénéficié d'un titre de séjour, avant que celui-ci n'expire en janvier. Il en avait demandé le renouvellement.
Avec AFP