
Des heurts ont eu lieu, mardi, à Santiago du Chili à l’issue d’une manifestation réclamant la libération de quatre militants mapuches en grève de la faim. Accusés d’avoir brûlé une église, ils sont maintenus en détention préventive depuis 15 mois.
Après une marche pour la "résistance mapuche", qui a perturbé la circulation de la capitale chilienne pendant deux heures, les manifestants ont été dispersés par les canons à eau des carabiniers chiliens, jeudi 28 septembre.
Ils affichaient leur soutien au "Lonko" (chef) Alfredo Trancal et aux trois frères Trangol détenus depuis quinze mois dans la prison de Temuco, dans le sud du Chili. Accusés d’avoir brûlé un temple évangélique en 2016 près de cette localité de la province d’Araucanie, les quatre militants demandent à être jugés par la justice ordinaire.
Actuellement détenus en vertu des dispositions de la loi "antiterroriste" – en vigueur au Chili depuis la dictature du général Pinochet –, les quatre militants et leurs soutiens dénoncent une justice d’exception. Celle-ci permet aux autorités de maintenir en détention des suspects pendant deux ans sans jugement, d’avoir recours à des témoins secrets et de durcir les peines en cas de condamnation.
Plus de 110 jours de grève de la faim
La manifestation était organisée par les militants mapuches au 110e jour de grève de la faim des quatre détenus de Temuco.
Quelques jours plus tôt, cinq autres membres de la communauté mapuche emprisonnés à la suite d'autres actes de violence survenus dans la région ont annoncé qu'ils se joignaient à la grève de la faim de leurs compagnons.
Les Mapuches du Chili ont combattu la conquête espagnole pendant près de trois siècles et comptent aujourd’hui une population de 700 000 personnes (sur les 17 millions d'habitants que compte le Chili).
Principale minorité indienne du Chili, leur frange militante réclame la restitution des terres "ancestrales" saisies par l'État à la fin du XIXe siècle. Situées dans le sud chilien, ces terres appartiennent désormais à des entreprises forestières.
Depuis une quinzaine d’année, ce mouvement de récupération des terres a connu de nombreux épisodes de violences. Notamment des assassinats (de policiers, d’agriculteurs, de militants indigènes) et des incendies de biens ou de forêts.
Au Chili, de nombreux militants mapuches sont emprisonnés, une situation que dénoncent régulièrement les organisations de défense des droits de l'Homme.
Adapté de l’espagnol par David Gormezano.