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Législatives en Allemagne : la CDU de Merkel en tête, percée historique de l’extrême droite

Le bloc conservateur CDU-CSU a remporté dimanche les législatives allemandes avec 33 % des voix, un score décevant pour le parti de la chancelière Angela Merkel. L’extrême droite fait une percée historique (13 %).

Angela Merkel est en route vers un quatrième mandat à la tête de l’Allemagne. Son parti, le bloc conservateur CDU-CSU, est arrivé en tête des élections législatives, dimanche 24 septembre, avec 33 % des voix, "son plus mauvais score depuis 1949", note le quotidien Bild.

La chancelière sortante devance tout de même largement Martin Schulz et les sociaux-démocrates de la SPD qui affichent 20,5 % des suffrages, leur "plus mauvais résultat de tous les temps".

En troisième position arrive le parti Alternative für Deutschland (AfD), crédité de 13 %, qui devrait être le premier parti d’extrême droite à accéder au Bundestag depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Créée en 2013 pour lutter contre la monnaie unique européenne et les plans de renflouement dans la zone euro, Alternative für Deutschland s'est muée progressivement en un parti anti-immigration, xénophobe et dont certains des membres, à l'image de son co-dirigeant Alexander Gauland, redoutent que les Allemands "ne soient bientôt que des étrangers dans (leur) propre pays".

Aux élections de 2013, l'AfD avait obtenu 4,7 % des voix, échouant à franchir le seuil de représentation parlementaire fixé à 5 % des suffrages au niveau national. "Nous allons changer ce pays (...) Nous allons faire la chasse à Madame Merkel. Nous allons récupérer notre pays", a jubilé Alexander Gauland, co-tête de liste du parti qui a récemment appelé à être "fier" des soldats allemands de 1939-1945.

Des manifestations anti-AfD spontanées se sont organisées dans plusieurs villes allemandes, Berlin en tête, où des centaines de personnes ont été tenues en respect par la police devant le local de la fête électorale du parti.

“Nous avions espéré un meilleur résultat”

Angela Merkel a rapidement souhaité temporiser cette percée nationaliste. “Nous voulons reconquérir ces électeurs [d’extrême droite] en entendant leurs problèmes, en écoutant leurs peurs et en répondant avec une politique appropriée”, a-t-elle commenté dans un court discours de victoire.

“Nous avions espéré un meilleur résultat”, reconnaît-elle toutefois. “Mais nous avons derrière nous une législature pleine de défis. Donc je me réjouis d'avoir atteint nos objectifs, nous restons le premier parti d’Allemagne et il nous revient de former le prochain gouvernement”, s’est-elle félicité.

La chancelière a également chaleureusement remercié ses électeurs et ses équipes avant de mentionner brièvement ses priorités, à savoir le renforcement de la cohésion européenne et la lutte contre l’immigration illégale.

La SPD refuse la coalition avec Merkel

Il reviendra, dès à présent, à Angela Merkel, et ce pour la quatrième fois, de chercher un ou plusieurs partenaires pour former le prochain gouvernement.

Elle ne devrait pas pouvoir compter sur la SPD, qui a immédiatement indiqué, par la voix de Martin Schulz, que le parti serait dans l'opposition, après quatre ans passés au gouvernement aux côtés de la chancelière. Martin Shulz a reconnu qu’il s’agissait d’une "journée difficile et amère pour la social-démocratie".

"Nous avons reçu un mandat clair des électeurs pour aller dans l'opposition", a déclaré l'une des responsables du parti, Manuela Schwesig, sur la chaîne de télévision ZDF. "Pour nous, la grande coalition (avec les conservateurs) s'achève aujourd'hui", a-t-elle ajouté, soulignant le camouflet historique infligé à son parti.

La répartition des 600 à 700 sièges de députés doit encore s'affiner en raison de la complexité du mode de scrutin allemand, mais une chose est sure, la seule majorité que peut espérer Angela Merkel passe par une alliance avec les libéraux du FDP et les Verts. Problème : ces deux partis s'opposent sur bien des dossiers, comme l'immigration ou le diesel, et ont des désaccords de fond avec les conservateurs.

L'Allemagne se dirige donc vers un Parlement très fragmenté comptant de six partis, contre quatre en 2013. Mais Angela Merkel se dit confiante et pense qu'un gouvernement stable sera formé d'ici la fin de l'année.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré dans la nuit de dimanche à lundi sur Twitter avoir appelé la chancelière Angela Merkel pour "la féliciter" pour sa réélection, assurant qu'ils poursuivraient tous deux "avec détermination" leur "coopération essentielle".

Avec AFP et Reuters