Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté jeudi contre la loi "brutale" et "antisociale" réformant le Code du travail. La CGT et la France insoumise ont appelé à les syndicats à se joindre au mouvement pour faire plier le gouvernement.
À Tours, Paris, Rennes, Montpellier, Nîmes, Marseille, ou Caen, les slogans et pancartes rivalisaient de créativité. On pouvait lire "Fainéants de tous les pays, unissez-vous", "Séparation du pouvoir et du Medef" ou encore "La loi Macron, c'est pour les patrons". Pour cette deuxième journée de mobilisation contre la réforme du Code du travail, jeudi 21 septembre, la CGT a appelé les autres syndicats à se joindre à la contestation pour faire reculer le gouvernement.
Plus de 130 000 opposants à la réforme du code du travail ont battu le pavé jeudi, à la veille de la présentation des ordonnances en conseil des ministres, dans l'espoir d'infléchir la position du gouvernement, une mobilisation en baisse par rapport à la semaine dernière.
"132 000" personnes ont défilé dans toute la France selon le ministère de l'Intérieur, "plusieurs centaines de milliers", a assuré de son côté la CGT, sans donner de chiffre précis. Son secrétaire général Philippe Martinez a toutefois reconnu sur Franceinfo que le nombre de manifestants avait été "un peu inférieur" au 12 septembre. Entre 223 000 et 500 000 personnes avaient alors défilé dans toute la France.
Beaucoup de monde à #Paris pour la #manif21septembre ! La mobilisation monte en puissance, on se retrouve samedi ! #23septembre pic.twitter.com/mURqbyj24W
Le Discord Insoumis (@Action_Insoumis) 21 septembre 2017À Toulouse, le délégué syndical FO à la Macif Laurent Boisgontier, qui s'est joint au défilé, a tenu à rappeler : "On est là pour défendre le sort des salariés. Ce qui reste de la négociation est absolument inacceptable". À Perpignan, Bernard, un retraité de la Poste, est venu parce que "le projet brutal de Macron est antisocial et antidémocratique. Sous ses dehors jupitériens, il nous cache quelque chose de thatchérien". À Auch, Pierre Wiart, représentant Sud Solidaires dans le Gers, appelait à "lutter contre Macron, le Robin des Bois à l'envers".
Dans la plupart des cortèges, étaient également très présents les représentants de la France insoumise, qui prévoit une manifestation samedi contre le "coup d'État social" que représente cette réforme. "Ce n'est qu'un début", a lancé à Paris Jean-Luc Mélenchon, promettant "la masse" samedi.
À #Paris, la France insoumise participe en nombre à la #Manif21Septembre contre la casse du code du travail. pic.twitter.com/e6NIAcQNEx
La France insoumise (@FranceInsoumise) 21 septembre 2017Affaiblir le droit des salariés
Les syndicats s'inquiètent notamment d'une baisse des moyens accordés aux représentants du personnel, du plafonnement des indemnités prud'homales ou de la possibilité de passer outre les syndicats pour négocier dans les entreprises de moins de 50 salariés. S'il y a consensus entre les syndicats pour dire que cette loi risque d'affaiblir les droits des salariés - une vision que partagent les Français selon les sondages -, ils ne sont pas arrivés à faire front commun.
Pour ne pas rester en retrait de la grogne, les numéros un de la CFDT, de la CFTC et de l'Unsa ont appelé l'exécutif mardi à "ajuster" les ordonnances, pointant du doigt un projet "déséquilibré", qui "facilite" les licenciements.
Lundi, des syndicats routiers CFDT et CFTC ont ouvert le bal de la contestation de cette semaine, en organisant des rassemblements à Paris et en régions. Les syndicats CGT et FO du transport vont prendre le relais lundi prochain, avec une grève reconductible. Et ils promettent une "mobilisation massive". La fédération CGT des services publics a de son côté déposé un préavis de grève courant du lundi 25 septembre au 15 octobre.
Macron inflexible
Mais jusqu'à présent, Emmanuel Macron s'est montré inflexible pour faire aboutir une réforme applaudie par le patronat et les DRH, et qui reprend certaines de ses promesses emblématiques de campagne. Le Conseil des ministres doit adopter les ordonnances sur la réforme vendredi afin qu'elles puissent entrer en vigueur à la fin du mois.
De son côté, la principale association de DRH a salué mercredi des ordonnances "très positives", qui vont "moderniser" et simplifier" la vie des entreprises, quand Pierre Gattaz, le patron du Medef, s'est de nouveau réjoui de la réforme, la qualifiant de "belle avancée".
Avec AFP