Réunis deux jours à Aubervilliers en séminaire, lundi et mardi, les députés de La République en marche vont tenter d’établir un modus operandi qui leur a fait défaut jusqu’ici afin de mettre fin aux couacs des derniers mois.
Les entreprises ont l’habitude d’organiser des séminaires pour remotiver leurs troupes ou développer l’esprit d’équipe. Les 313 députés de La République en marche, pour beaucoup novices et venus du privé, ne devraient donc pas être trop dépaysés, lundi 18 et mardi 19 septembre, aux Docks d’Aubervilliers, dans le nord de Paris, à l’occasion de leur séminaire de rentrée.
Contrairement aux "journées parlementaires" qu’organisent traditionnellement les partis politiques avant la rentrée parlementaire de septembre, le parti créé par Emmanuel Macron entend proposer quelque chose de différent en insistant sur la cohésion au sein du groupe. Ainsi, La République en marche, qui revendique clairement s’inspirer des méthodes managériales du monde de l’entreprise, a mis sur pied un vrai programme de "team building" avec des modules comme "Se rencontrer et commencer à construire une aspiration de groupe", "Mon rôle et mon ambition de député LREM" ou encore "Nous et notre écosystème".
"On a la chance d’avoir un groupe très important. Il faut qu’on crée cet esprit de groupe", a expliqué, lundi matin sur Sud Radio, le député LREM de Paris Stanislas Guerini. "Quand vous avez 313 individualités à gérer qui n’ont pas d’histoire ensemble, il faut aussi du management pour réussir à gérer ce collectif et à créer ce collectif", a commenté de son côté la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé, interrogée lundi matin sur Public Sénat.
Mais plus que la naissance d’un esprit de groupe, ce séminaire a pour but d’éviter que les couacs de l’été ne se reproduisent. Entre les sessions houleuses à l’Assemblée durant lesquelles certains vice-présidents de la Chambre basse ont été pris à partie par l’opposition, les commentaires négatifs faits micro ouvert en commission ou encore les députés LREM ayant fait la une de la rubrique faits divers – l’une pour avoir eu une altercation avec un chauffeur de taxi, un autre pour avoir frappé avec un casque un cadre du Parti socialiste –, les élus de La République en marche n’ont pas vraiment brillé jusqu’ici.
Asseoir l’autorité de Richard Ferrand
Mais le séminaire d’Aubervilliers a autant pour but de mettre fin aux accusations d’amateurisme visant ces nouveaux élus que de relancer leur patron au Palais Bourbon, Richard Ferrand. Le manque d’implication et d’autorité de ce dernier a en effet été pointé du doigt lors de la session extraordinaire du mois de juillet.
Car même s’ils sont rares à oser franchir le pas, certains députés LREM ont clairement mis en cause l’éphémère ministre de la Cohésion des territoires, débarqué du gouvernement en juin en raison de l’affaire des Mutuelles de Bretagne. "Il a été extrêmement défaillant", a ainsi jugé la députée LREM de l’Eure Claire O’Petit, le 15 août sur RMC, en évoquant l’épisode du vote pour le poste de questeur qui provoqua une polémique avec Les Républicains. "Nous n’avons pas eu du tout de réunion. […] Ferrand n'a absolument pas été à la hauteur. Nous nous sommes réunis dans une salle, certains étaient déjà au bar. C'était une catastrophe."
"J'ai tendance à dire que quand l'apprenti ne sait pas travailler, c'est la faute du patron. L'amateurisme, il est dans la direction du groupe", a ajouté le député LREM du Vaucluse, Jean-François Cesarini, dans un entretien avec La Provence le 23 août.
Le principal intéressé, qui reste sous la menace d’une mise en examen, a répondu, lundi matin, lors de son arrivée à Aubervilliers, qu’il ne fallait "pas confondre être présent au travail et être absent dans les médias". "Tout va bien", a déclaré Richard Ferrand, avant d’assurer que tout irait "encore mieux" à l’issue du séminaire.