
envoyée spéciale à Barcelone – Des centaines de milliers de Catalans ont convergé à Barcelone lundi 11 septembre pour la fête nationale. L'occasion de montrer leur détermination, à trois semaines d'un référendum controversé sur l'indépendance de la région.
Les indépendantistes catalans sont en ordre de marche. Une vague humaine jaune fluo a déferlé dans le centre-ville de Barcelone, lundi 11 septembre, pour la "Diada", fête nationale de la Catalogne. Chants régionaux et spectacles de rue ont animé la ferveur des centaines de milliers de manifestants rassemblés autour du croisement du Paseo de Gracia et de la rue d'Arrago. Ils étaient appelés à former un énorme signe de croix, symbole du "oui" qui figurera sur le bulletin de vote du référendum sur l'autodétermination de la région, qui se tiendra le 1er octobre.
"Independancia ! Independancia ! ", ont clamé en catalan les manifestants qui ont fait dérouler un drapeau de la région au-dessus de la foule à 17h14, en référence au 11 septembre 1714, date à laquelle Barcelone est tombée aux mains des troupes du roi d’Espagne. "Cela fait plus de trois cents ans que l'on nous traite comme une colonie, alors que nous sommes un pays, affirme Josep, 70 ans, arborant son drapeau catalan. Ce sapeur-pompier à la retraite est à l'image de nombreux manifestants venus réclamer l'indépendance de leur région qu'ils juge sous le joug de Madrid. "Elle doit enfin retrouver sa liberté", assène-t-il.
Énorme ferveur indépendantiste pour la #diadadelsi à #Barcelone en #catalogne pic.twitter.com/Yiime036SJ
segolene (@Segolenea) 11 septembre 2017"L'Espagne nous vole"
Mais Josep est aussi motivé pour des raisons économiques : "L'Espagne nous vole et notre argent doit rester en Catalogne", argue le retraité. Il n'est pas le seul manifestant à dénoncer "le déficit fiscal", ce montant estimé à 16 milliards d'euros qui correspond à la contribution nette de la région au gouvernement – après avoir déduit les biens et services apportés par Madrid. "On paie trop d'impôts, on paie pour les autres, cela suffit", dénonce Carlos, 44 ans, qui défile sur le Paseo Gracia avec son fils sur les épaules.
Déterminés à se délester du gouvernement madrilène, les jaunes fluo sont venus de toute la Catalogne pour converger à Barcelone. Recouverte du drapeau régionale, Jennifer,16 ans, a fait 200 kilomètres avec sa famille pour défendre "sa langue, les emplois des jeunes et la liberté d'un peuple". De son côté, Jordi, 57 ans, originaire de Tarragone, ne rate pas une "Diada" depuis 2010. "Les années précédentes, on formait une chaîne humaine de 400 kilomètres qui traversait la région du nord au sud, commente-t-il. Cette année, l'intérêt était de montrer notre force, notre mobilisation".
"La Catalogne doit être enfin libre". Jenifer, 16 ans, a fait 200 km depuis Alcanar pr faire #Diada2017 à #BCN. pic.twitter.com/OBSNUeSHSf
segolene (@Segolenea) 11 septembre 2017Le gouvernement catalan a voulu frapper fort en faisant converger tous les indépendantistes au même endroit, avec une organisation bien huilée. Chaque manifestant pouvait s'inscrire sur le site de l'assemblée catalane pour être affecté à un endroit précis dans les rues, mais aussi acheter un kit indépendantiste moyennant 15 euros (comprenant T-shirt, sac et éventail). Sans compter les milliers de bus affrétés pour conduire les manifestants au point de rassemblement.
"Aucun article de la Constitution interdit d'organiser un référendum"
Dans les rues, nombreux sont ceux qui brandissent des pancartes écrites en catalan "démocratie". Ils entendent ainsi répondre aux accusations de Madrid qui dénonce le processus non légal du référendum entériné la semaine dernière. La Cour constitutionnelle espagnole a suspendu l'entrée en vigueur de la loi convoquant ce vote.
Le drapeau catalan se déploie au dessus de la croix humaine des indépendantistes #diadadelsi #bcn #catalogne pic.twitter.com/6zvhtHzFxv
segolene (@Segolenea) 11 septembre 2017En Catalogne la tension est palpable. Lors d'une conférence de presse lundi matin, le président de la Catalogne Carles Puigdemont a tenu à rappeler qu'"aucun article de la Constitution n'empêchait d'organiser un référendum". Madrid a, de son côté, promis de tout faire pour empêcher la tenue de ce scrutin.
La société catalane est aujourd'hui fortement divisée sur le sujet : selon le dernier sondage de l'institut gouvernemental catalan, en juillet, 41,1 % la souhaitent et 49,4 % sont contre. Reste qu'aujourd'hui, les "anti" n'ont pas eu le droit de citer.