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Les Shebab, une organisation islamiste pas si organisée

"Les Shebab n’existent pas !" L'homme qui affirme cela est un expert reconnu. Interviewé sous couvert d'anonymat par FRANCE 24, il explique la composition de ces milices islamistes qui contrôlent la majeure partie de la Somalie.

"Les Shebab n’existent pas !", affirme un expert français. Une assertion pour le moins surprenante alors que, depuis quelques mois, l’organisation islamiste somalienne s’étale régulièrement à la une des journaux. L’homme, qui souhaite garder l’anonymat, connaît pourtant bien la question pour la suivre depuis des années dans le cadre de ses fonctions. Il s’explique : la milice des Shebab - "les jeunes" en arabe - qui constituait, à sa création en 2005, la branche armée de l’Union des tribunaux islamiques n’a, aujourd’hui, plus rien d’une organisation structurée.

Les Shebab, qui, avec un autre groupe islamiste insurgé, le Hezb al-Islam, contrôlent les trois quarts de Mogadiscio, la capitale somalienne, englobent un ensemble de personnes aux tendances politiques et religieuses variées. Ces hommes n’ont en commun que leur volonté d’appliquer la charia à la sphère politique, mais, sur ce point également, ils n’arrivent pas à s’entendre sur les modalités d’application de la loi islamique.

Résultat, le pays n’est pas contrôlé par un groupe hiérarchisé, mais par de petites unités indépendantes, plus ou moins radicales, qui ne collaborent pas toujours ensemble. De même, la population de Mogadiscio, première victime des combats qui durent depuis 1991, collabore ponctuellement avec les milices contre quelques dollars.

L’enlèvement, le 14 juillet, de deux agents des renseignements français, le confirme. Selon des informations divulguées le 22 juillet à FRANCE 24 par le chef des services de renseignements somaliens, les Français auraient été enlevés par des soldats puis revendus aux milices islamistes. "Le président somalien Cheikh Sharif Ahmed, qui n’a pas un sous vaillant en poche, oublie régulièrement de rémunérer ses hommes qui finissent par se rétribuer par leurs propres moyens", témoigne l’expert.

Des djihadistes étrangers parmi les Shebab
 


Les rangs des Shebab sont d’autant plus hétéroclites que des combattants pakistanais, indiens et même, depuis un an et demi, iraniens viennent les gonfler.

Depuis plusieurs années déjà en Somalie, ces djihadistes arrivent toujours plus nombreux, notamment depuis que, dans un message audio diffusé à la mi-mars 2009 sur Internet, Oussama ben Laden a enjoint les "champions de Somalie" à renverser le président Cheikh Sharif Ahmed, un islamiste modéré qui avait présidé l’Union des tribunaux islamiques dont sont issus les Shebab.

Les combattants étrangers ne sont pas les seuls à soutenir les Shebab, qui sont également soupçonnés d’utiliser l’Érythrée comme base arrière. Asmara les autoriserait à utiliser son territoire pour faire transiter armes et argent. "Des fonds versés par al-Qaïda en provenance des îles Caïmans, où l’organisation terroriste aurait caché son bas de laine, circuleraient notamment dans le pays ", décrypte l'expert.