Mercredi 6 septembre, l'ouragan Irma a violemment frappé l'île des millionnaires Saint-Barthélemy et la modeste île Saint-Martin, avec des conséquences bien différentes pour les résidents des deux territoires français.
L’une accueille les grandes fortunes du monde entier sur ses plages de sable fin. L’autre, des milliers de touristes venus s’offrir un panorama palmiers-eaux turquoises à prix cassé. Saint-Barthélemy et Saint-Martin, situées à plus de 200 km au nord-ouest de la Guadeloupe, partagent peu de choses. Mais mercredi 6 septembre, les deux territoires ont été durement frappés par l’ouragan Irma.
Le cyclone de catégorie 5, le maximum sur l'échelle d'intensité des ouragans, a semé la désolation sur les deux îles. Celle de Saint-Martin, partagée entre la France et les Pays-bas, est un territoire plus modeste, connu pour son tourisme de masse, paye un plus lourd tribut encore. Dix personnes ont péri dans la partie française de l’île, et deux autres sont mortes côté néerlandais. Les dégâts matériels y sont considérables. "95 % de l'île est détruite", selon le président du conseil territorial, Daniel Gibbs.
Les "quatre bâtiments les plus solides"- la préfecture, la caserne, la gendarmerie et l'hôpital - ont été détruits, laissant présager une situation encore plus dramatique pour l'habitat créole dominant, en bois ou tôle. Dans certains quartiers, "une maison sur deux est pulvérisée", a raconté sur LCI un habitant de Marigot, chef-lieu de Saint-Martin. "On dirait presque un pays en guerre", a renchéri une journaliste de Guadeloupe 1ère, Maeva Myriam Ponet, évoquant un "cauchemar".
Des scènes de pillage
Autre conséquence de la catastrophe, les habitants de l’île de Saint-Martin ont vu depuis mercredi se multiplier des scènes de pillages. Si des vols ont également été constatés à Saint-Barthélemy, le phénomène semble avoir pris une ampleur toute particulière sur l’île plus modeste. "Malheureusement, il y a en ce moment des scènes de pillage dans les magasins de la ville et ce n'est pas toujours pour des besoins d'eau ou des besoins alimentaires parce que, quand je suis passée, il s'agissait de télévisions", a confirmé Annick Girardin après une visite sur l'île. Même constat du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui a évoqué une situation "grave" dans la partie néerlandaise de l'île.
Des conséquences dramatiques dont les 80 000 habitants de Saint-Martin se remettront difficilement. L'île de 93 km² connaît un chômage massif côté français, où 21,1 % de la population est sans emploi. Le Revenu de Solidarité Active (RSA) est perçu par 10 % des résidents. Un tableau loin des images paradisiaques des catalogues distribués par les tours opérateurs low cost. Dans ce contexte, le crime organisé prolifère.
Une catastrophe économique
L’île franco-néerlandaise vit par ailleurs essentiellement du tourisme. Les dommages sur les infrastructures, le parc hôtelier et la végétation de la petite île des Caraïbes risquent de mettre à mal son économie déjà vacillante.
Si les dégâts matériels sont également considérables à "Saint-Barth", située à 25 kilomètres de distance, l'île voisine devrait se remettre plus facilement de l’ouragan. Le petit paradis pour milliardaires de 24 km2 d’où l’on ne peut venir qu’en avion de moins de 15 places, peut compter sur ses résidents pour venir à bout des dégâts matériels. Parmi ses illustres habitants, on compte entre autres célébrités Johnny et Laëtitia Hallyday, Jean Reno, Leonardo DiCaprio, Bono, Marc Jacobs, Salma Hayek, Gwynneth Paltrow, Steven Spielberg, Beyoncé, Kate Moss. Des noms du gotha qui auront les moyens d'aider à reconstruire cet éden caribéen.