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Censure d'un scandale qui impliquerait le fils du président Hu Jintao

Les internautes chinois ne peuvent pas avoir accès à des sites relatant une affaire de corruption en Namibie, dans laquelle le fils du président Hu Jintao pourrait être impliqué. Les médias officiels n'ont, eux non plus, pas relaté l'affaire.

AFP - Les médias chinois sont restés silencieux cette semaine sur une affaire de corruption présumée en Namibie et potentiellement embarrassante puisqu'elle implique une société publique chinoise, Nuctech, liée au fils du président Hu Jintao.

Les recherches internet avec des mots clefs relatifs à l'affaire sont restées infructueuses, aboutissant à des messages d'erreur. Encore plus surveillés que l'internet, journaux et médias audiovisuels n'ont fait aucune référence à l'affaire Nuctech.

Les autorités namibiennes ont arrêté deux Namibiens et un Chinois dans une affaire de fraude présumée impliquant Nuctech, chapeautée par l'Université Tsinghua de Pékin et dont Hu Haifeng, 38 ans, fils du chef de l'Etat, était le président jusqu'en 2008.

Hu Haifeng, qui n'a pas été personnellement mis en cause, a depuis été promu au poste de secrétaire du Parti de Tsinghua Holdings, contrôlant une kyrielle d'entreprises dont Nuctech, spécialiste des équipements de haute technologie de sécurité, notamment les systèmes de détection dans les aéroports.

Selon un document de la commission anticorruption (ACC) namibienne, de l'argent légitimement versé à Nuctech s'est retrouvé sur le compte d'une autre société, Teko Trading, dans lequel les deux dirigeants namibiens de Teko, et le représentant chinois de Nuctech, ont ensuite puisé.

Nuctech à Pékin a refusé toute commentaire: "Nous ne parlons jamais aux médias", a répondu à l'AFP une femme jointe par téléphone.

Reporters sans frontières ainsi que le China Digital Times, un centre de l'Université américaine Bekerley consacré à l'internet chinois, ont accusé la censure de Pékin d'avoir fait interdire une suite de mots clefs qui permettraient une recherche sur cette affaire.

La Chine est régulièrement accusée de censurer l'internet quand les informations sont politiquement sensibles.

Les sites de socialisation Facebook et Twitter restent ainsi inaccessibles depuis les troubles interethniques au Xinjiang (nord-ouest de la Chine) qui ont éclaté le 5 juillet. Jeudi encore, les tentatives de connection échouaient systématiquement.

Joints mercredi, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information, en charge de l'internet, n'avaient pas souhaité s'exprimer.

Si le délit de corruption ou fraude est confirmé, cette affaire pourrait être embarrassante pour le président chinois, qui a fait de la lutte contre la corruption un maître-mot, même si son fils ne dirige plus Nuctech.

Nuchtech, créée en 1997, qui opère plutôt dans la discrétion, n'est pas étrangère à la controverse.

En mars dernier, la Commission européenne a lancé une enquête antidumping la visant, sur "les systèmes de scanner pour cargaisons, basé sur la technologie neutron ou les rayons X" faits en Chine.

La délégation en Chine de la Commission a indiqué que l'enquête faisait suite à une plainte "d'une entreprise européenne fabriquant plus de 80% de ces produits en Europe", sans préciser le nom de cette entreprise, qui pourrait être le britannique Smiths, un leader des solutions de détection.

Nuctech est également spécialisé dans les technologies de sécurité, comme les machines d'inspection aux rayons X pour conteneurs ou bagages individuels, les systèmes de détection de la radioactivité, etc.

Elle dit exporter vers plus de 50 pays et régions et employer 1.200 personnes.