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Travailleurs détachés : Macron en quête de soutiens en Europe de l'Est

Emmanuel Macron entame, mercredi, une tournée en Europe de l'Est afin de convaincre ses homologues de mieux lutter contre le dumping social, c'est-à-dire employer des travailleurs étrangers à des conditions défavorables pour ces salariés.

Emmanuel Macron fait sa rentrée en Europe de l’Est. Du mercredi 23 au vendredi 25 août, le président français est attendu en Autriche, en Roumanie et en Bulgarie où il tentera de rallier les dirigeants à sa volonté de réviser la directive européenne sur le travail détaché. Un dispositif que Paris, mais aussi Berlin et Vienne, accusent de favoriser un contournement de leurs droits du travail.

Le président français arrivera mercredi à Salzbourg où il s'entretiendra avec le chancelier autrichien, Christian Kern, et les Premiers ministres tchèque et slovaque, Bohuslav Sobotka et Robert Fico. Il rencontrera jeudi à Bucarest le président et le Premier ministre roumains, Klaus Werner Iohannis et Mihai Tudose, et s'envolera dans la soirée pour la Bulgarie, où il s'entretiendra vendredi avec le président et le Premier ministre, Roumen Radev et Boïko Borissov.

Travailleurs détachés : Macron en quête de soutiens en Europe de l'Est

Emmanuel Macron n’ira, en revanche, ni en Pologne, ni en Hongrie, les deux États les plus mis en cause dans ce système qui permet aux entreprises d'envoyer temporairement au sein de l'UE des salariés dont les cotisations sociales restent versées aux pays d'origine, où elles sont beaucoup plus faibles.

"Poison" pour l’Europe

Le chef de l’État veut convaincre ses homologues que les abus liés au travail détaché ne sont pas qu'un problème économique mais également politique. "C'est quelque chose qui peut véritablement empoisonner l'idée européenne", déclare-t-on à l'Élysée. "Quand cette concurrence n'est pas organisée, n'est pas régulée, il y a un retour de bâton très rapide", ajoute-t-on, en soulignant que ce problème a contribué au choix d'une majorité des Britanniques de quitter l'Union européenne.

La France a rejeté en juin le projet de révision de la directive car il n'allait, selon elle, pas assez loin. Paris souhaite limiter la durée du travail détaché à 12 mois, contre deux ans aujourd'hui, et prendre toute les périodes de travail détaché en compte dans ce calcul.

La France veut aussi s'assurer que les travailleurs détachés perçoivent tous les éléments de rémunération obligatoires dans le pays d'accueil. Elle souhaite en outre renforcer la lutte contre la fraude et les abus, avec des sanctions effectives, alors qu'"aujourd’hui, elles sont largement facultatives".

"Quand la Belgique, l'Allemagne ou la France ont eu besoin de main d'œuvre, leurs entrepreneurs sont venus recruter directement en Europe de l'Est", rappelle à l’AFP Laurentiu Plosceanu, président de l'Association des constructeurs roumains, qui refuse un durcissement des règles. "Qui souhaite cette réforme ?", s'interroge le dirigeant. "Certainement pas les entrepreneurs français qui ont dégagé des bénéfices importants en faisant sous-traiter" des travaux par des compagnies est-européennes.

Avec AFP et Reuters