
"Un bateau. Une jungle inexplorée. Un singe oublié." Telle était la punchline de l'expédition Houseboat Amazon, dont le but était de retrouver une espèce de singe rarissime observée une unique fois en vie, il y a près d'un siècle.
L’expédition Houseboat Amazon a débuté en février 2017, le long de la rivière Juruá, dans le bassin amazonien. Durant trois mois, un groupe de scientifiques mené par la primatologue Laura Marsh a pu examiner dans la forêt tropicale une espèce de singe rarissime : le saki moine de Vanzolini. C’est un article du site Mongabay, relayé par Gizmodo, qui revient sur l’incroyable succès de cette mission "repérage". Car depuis sa découverte en 1936 par le naturaliste équatorien Alfonzo Olalla, jamais personne n’était parvenu à observer à nouveau l’animal vivant.
En 1956, l’ornithlogue Fernando da Costa et le taxidermiste M.M. Moreira ont bien pu en approcher deux de très près. Mais malheureusement, les spécimens qu’ils recueillirent étaient morts. Il aura fallu attendre le tout début de cette année 2017 pour qu’un troisième cadavre de saki moine retombe entre les mains des scientifiques. Comme de nombreux singes dans la région, ce dernier avait été tué pour sa viande. Il était donc grand temps de pouvoir contempler ce primate si mystérieux les quatre pattes cramponnées à une branche.
Quatre jours après le début de l’expédition, ils repèrent un saki à tête chauve à près de 60 mètres de hauteur
Nommé d’après le zoologiste brésilien Paulo Vanzolini, ce grand singe à la coupe au bol, aux poils dorés par endroits et à la très large queue, était jusqu’à présent classé comme une sous-espèce de saki moine. Une erreur, pour Laura Marsh, qui estime, après de longues années de recherches, qu’il incarne à lui seul une espèce bien distincte : Pithecia vanzolinii. En 2014, la scientifique va alors convaincre ses pairs de la laisser monter une expédition pour confirmer ses dires.
Trois ans plus tard, Houseboat Amazon, constituée de huit primatologues, de guides, d’un opérateur de drone et d’un photographe, commence à explorer la dense forêt amazonienne. Quatre jours seulement après le début de l’expédition, le guide Ivan Batista repère à près de 60 mètres de hauteur, perché dans un arbre, un saki moine de Vanzolini. Un vrai miracle, au regard de l’immensité de la jungle équatoriale. De cette rencontre sont parvenues jusqu’au nous des photographies, où l’on aperçoit distinctement l’adorable créature.
Au cours de ces trois mois d’expédition, l’équipe de Laura Marsh a également pu rassembler de précieuses données sur pléthore d’espèces observées dans toute la zone étudiée, des rives sud de la Juruá à la côte ouest de la rivière Liberdade. Mais elle fut aussi amenée à faire un triste constat : "Compte tenu de ce que nous avons vu, si aucun contrôle supplémentaire sur la chasse et la déforestation n’est mis en place au-delà des frontières des réserves, l’état de conservation du saki peut devenir critique", a expliqué Laura Marsh à Mongabay. "La plupart des grands singes, qui représentent une ressources alimentaire privilégiée [pour les communautés locales], ont été chassés hors des forêts, le long des rivières Eiru et Liberdade."
Le travail de reconnaissance de l’espèce ainsi fait, la primatologue et ses confrères espèrent maintenant faire entendre au monde la menace à laquelle le saki moine de Vanzolini, comme tant d'autres animaux, est exposé : il pourrait bien disparaître en bien moins de temps qu'il a été retrouvé.
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