
Le protecteur sud-africain des éléphants Wayne Lotter a été tué par balle jeudi soir en Tanzanie. Un pays particulièrement en proie au braconnage.
Il était l’ange-gardien des pachydermes en Tanzanie. Le Sud-Africain Wayne Lotter a été assassiné le 17 août par des inconnus dans un quartier huppé de la ville portuaire de Dar es Salaam, capitale économique du pays. L’environnementaliste se trouvait dans un taxi lorsqu’un véhicule leur a bloqué le passage subitement. Selon le quotidien The Guardian, deux hommes, dont un armé, ont alors ouvert la porte du taxi et l’ont abattu. Une enquête a été ouverte.
"Wayne avait consacré sa vie à la faune sauvage africaine, travaillant d'abord, alors qu'il était encore jeune homme, comme ranger dans son Afrique du Sud natale, avant de devenir un fer de lance de la lutte contre le braconnage en Tanzanie", a écrit la fondation PAMS -dont il était co-fondateur de la branche tanzanienne- dans un communiqué annonçant sa mort.
Le monde militant salue “un héros”
De nombreux défenseurs de la planète à travers le monde ont fait part de leur tristesse, et pour certains de leur, consternation. À commencer par la co-fondatrice de PAMS, Krissie Clark, qui pleure la perte “de son meilleur ami”, mais se dit plus déterminée que jamais à poursuivre le combat.
L’acteur américain et militant écologiste Leonardo DiCaprio a aussi réagi à la nouvelle sur Twitter, qualifiant Wayne Lotter de “héros”. Un terme ensuite repris par la célèbre primatologue américaine Jane Goodall qui a également tenu à rappeler qu’il avait dû faire face à "des menaces personnelles" dans sa lutte contre le braconnage. Et d’ajouter : "Si ce lâche attentat était une tentative de mettre fin au travail de la fondation PAMS, ce sera un échec".
We lost a true conservation hero who fought so hard to protect Africa’s elephants. https://t.co/aViqCTjScX
Leonardo DiCaprio (@LeoDiCaprio) 18 août 2017150 000 éléphants massacrés
La Tanzanie, l'un des pays qui comptent la plus importante population d'éléphants sur le continent africain, est aussi l'un des plus touchés par le braconnage. Selon la fondation PAMS, plus de 150 000 éléphants ont été tués ou mutilés pour leur ivoire au cours des cinq dernières années en Afrique. La Tanzanie, elle, en a perdu 66 000 sur la dernière décennie.
L’organisme note toutefois une "réduction considérable" du braconnage depuis 2014, notamment grâce aux efforts d'une unité tanzanienne d'élite spécialisée dans les crimes "graves" nationaux et internationaux (NTSCIU), dont le braconnage.
Quelque 900 braconniers ont ainsi été appréhendés ces dernières années. Parmi eux, la Chinoise Yang Fenlan, surnommée la "reine de l'ivoire", actuellement jugée pour le trafic illégal de 706 défenses d'éléphants entre 2000 et 2014. En mars dernier, le plus célèbre trafiquant d'ivoire tanzanien, Boniface Matthew Maliango, surnommé "le Diable", a été condamné, pour sa part, à 12 ans de prison après son arrestation par la NTSCIU.
Toujours plus d’activistes assassinés
Selon un rapport de l’ONG Global Witness publié en juillet, au moins 200 environnementalistes ont été assassinés en 2016. Il s’agit de l’année la plus meurtrière pour les défenseurs de l’environnement. L’organisme qui dresse ce bilan annuel depuis 2002 a constaté une forte hausse des assassinats depuis 2014, précisant que la collecte d’information est, en outre, laborieuse. “Pour chaque assassinat que nous avons été en mesure de documenter, d’autres n’ont pu être vérifiés, ou n’ont pas été signalés”, écrit-elle dans son rapport.
Autre obstacle, selon Global Witness : “Peu d’éléments indiquent que les autorités ont pleinement enquêté sur les crimes, ou pris des mesures pour que leurs responsables rendent des comptes”. L’ONG exhorte les gouvernements et les entreprises à “mettre fin aux projets qui bafouent les droits des communautés à jouir de leurs terres, afin d’enrayer la spirale de la violence”.