
Depuis peu, certains députés français ont pris l’habitude de dormir dans leur bureau pour pallier le manque de logements disponibles à l'Assemblée nationale. Un problème lié à une assiduité inhabituelle des parlementaires.
Depuis plusieurs semaines, le Palais-Bourbon a pris des airs de cité universitaire, voire de camping… Certains députés – LREM pour la plupart – ont pris l’habitude de dormir dans leur bureau, blottis dans le confort spartitate de leur sac de couchage. Cette pratique interdite a contraint, la semaine du 7 août, l'un des trois questeurs de l’Assemblée, Thierry Solère, à un rappel au règlement, expliquant à ses collègues les problèmes de sécurité auxquels les contrevenants s’exposaient. "En cas d'incendie notamment, nous devons être sûrs que tous les bureaux sans lit sont vides la nuit", a fait valoir l'élu des Hauts-de-Seine.
La faute à un problème de place. En effet, l’Assemblée ne dispose pas de couchage suffisant pour l’ensemble de ses locataires. Certains disposent d'un bureau doté d'un lit et un cabinet de toilette, tandis que d'autres doivent se contenter d'un simple bureau. Habituellement, cette situation ne pose pas de problème car les députés dépourvus de logement peuvent se rabattre sur l’hôtel de l'Assemblée qui offre 50 lits. Mais là encore, toutes les chambres mises à disposition sont prises d’assaut. Une situation inédite qui s’explique : l'Assemblée connaît actuellement une surpopulation liée à la grande assiduité des nouveaux députés.
"Beaucoup de députés LREM, comme moi, ont envie d’être présents un peu partout, explique Catherine Osson, députée de La République en marche, à France24. Il est important de se montrer en ce début de mandature et de répondre présent aux différentes sollicitations du groupe". Et de poursuivre, "beaucoup d’entre nous sont aussi à Paris car il ne se passe pas grand-chose dans nos circonscriptions en cette période estivale".
"Il n’est pas idiot de dormir quelques heures dans son bureau"
Reste donc la possibilité de dormir à l’hôtel. Mais cette solution peut s’avérer onéreuse sur le long terme. Malgré un salaire confortable, certains députés n'ont pas de quoi avancer les frais. "J’ai dû personnellement faire un crédit pour mener ma campagne et à ce jour je ne dispose plus de mon salaire de directrice d’école. Je comprends que certains députés se retrouvent dans une situation délicate", indique la députée du Nord qui appartient au club fermé de ceux qui jouissent d’un lit dans leur bureau.
Dormir sur place présente aussi des avantages pratiques. "Il est fréquent que des sessions se terminent dans la nuit, il n’est donc pas idiot de dormir quelques heures dans son bureau quand on sait qu’on doit se lever tôt le lendemain", poursuit l’élue.
L'attribution des logements des députés demeure un enjeu non négligeable dans l'exercice de leur fonction, car il représente un réel gain de temps. "J’ai pu obtenir un logement dans mon bureau parce que j’ai expliqué appartenir à la commission des finances [une commision parmi les plus importantes, NDLR]. Pour y être efficace, je devais éviter des temps de transports."
Actuellement, deux sites d'hébergement sont mis à disposition des élus. Les logements du Palais-Bourbon et ceux près de l’Assemblée, situés au 101, rue de l'Université. "Les logements du Palais-Bourbon sont pratiques car ils sont situés au-dessus de l’Hémicycle mais moins prisés que ceux situés à la résidence des parlementaires, car ils sont plus modernes", détaille la députée.
Pour les jours à venir, les députés ne devraient pas rencontrer de problème d’hébergement car la cloche des vacances parlementaires a sonné mercredi 9 août.