
Le roi de Jordanie a été accueilli lundi à Ramallah par Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Sa visite survient moins de deux semaines après un nouvel accès de fièvre autour de l’esplanade des mosquées à Jérusalem.
Le roi Abdallah II de Jordanie est arrivé lundi 7 août à Ramallah, dans les Territoires palestiniens. Le souverain hachémite a été accueilli par le président Mahmoud Abbas, alors que la région connaît un regain de tensions depuis la fin du mois de juillet autour de la sensible question de l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem.
Aux violences quasi-quotidiennes qui ont succédé à la mort de deux Palestiniens puis à la fermeture de l’esplanade, s’est ajouté l’incident meurtrier du 23 juillet dernier, lorsqu’un agent de sécurité israélien a tué deux Jordaniens dans l'enceinte de l'ambassade d'Israël à Amman.
En vertu de l'accord de paix de 1994 avec Israël, la Jordanie, dont près de la moitié de la population est d’origine palestinienne, conserve la garde de l’esplanade, située à Jérusalem-Est. Mais Israël en contrôle tous les accès.
Les promesses israéliennes de faire la lumière sur les évènements de l'ambassade, consécutifs à une agression selon les autorités israéliennes, n'ont pas dissipé le ressentiment jordanien, exacerbé par l'accueil chaleureux fait par Benjamin Netanyahou au tireur à son retour en Israël.
"Nos frères palestiniens"
La présence d'Abdallah II à Ramallah au côté des Palestiniens qui revendiquent d'avoir victorieusement défendu l'esplanade viserait ainsi à rappeler le statut jordanien de gardien du site.

"Sans la garde exercée par le royaume hachémite et sans la ténacité des habitants de Jérusalem, on aurait perdu les lieux saints il y a bien longtemps", a déclaré le souverain avant sa visite, rapporte l'agence officielle jordanienne Petra, "notre réussite réclame une position unie de notre part avec nos frères palestiniens".
Pour Samir Awad, professeur de sciences politiques palestinien, "le message de cette visite, c'est aussi que [le roi] veut contribuer aux efforts pour sortir le président Abbas de son isolement".
Ce dernier, dit-il, est coincé en Cisjordanie depuis qu’il a suspendu la stratégique coopération sécuritaire avec Israël pendant la crise de l'esplanade. Or, sans coordination, Mahmoud Abbas ne peut sortir de Cisjordanie, qu'Israël occupe depuis 1967 et dont il contrôle toutes les frontières.
Confiné à la Cisjordanie, Mahmoud Abbas est aussi confronté à la paralysie de l'effort de paix et au danger de voir, à 82 ans, s'éloigner chaque jour davantage la création d'un État palestinien indépendant, le combat de sa vie.
Avec AFP