Au menu de cette revue de presse française, le transfert record de Neymar. La star brésilienne du FC Barcelone va rejoindre le Paris Saint Germain, contre un montant de 222 millions d’euros .

«Il arrive», annonce l’Equipe. Parle-t-on du Messie en personne? «Cette fois, le voilà», confirme le quotidien sportif, qu’on sent soulagé par la fin de l’insoutenable suspense. Le journal assure que «tous les signaux sont en effet au vert, ce matin», pour l’arrivée du joueur, attendu aujourd’hui-même dans la capitale, à la veille du début du championnat de la Ligue 1. «Le transfert du siècle», titre le Parisien – qui évoque effectivement rien moins que l’arrivée d’un «Messie à Paris» - en référence, aussi, à son ex-coéquipier du Barça, l’argentin Lionel Messi, qui a d’ailleurs salué le départ de son ami en lui souhaitant «bonne chance dans cette nouvelle étape de (sa) vie». «À bientôt, je t'adore», lui a-t-il écrit hier sur les réseaux sociaux.

Mais qui est donc exactement ce Neymar, pour lequel le PSG est prêt à décrocher la lune, ou presque?  Un joueur «né pour être star», d’après le Parisien, décidément très porté ce matin sur les superlatifs. 25 ans, 1,75, 68 kg de muscles, nous apprend le journal, très porté aussi sur les chiffres. En voici quelques autres, pêle-mêle: 34 tatouages, 239 dribles réussis la saison dernière avec le Barça, soit 95 de plus que le meilleur joueur de la Ligue 1, ou encore 45 millions d’euros – le montant de l’amende que lui réclame le fisc brésilienne – une somme actuellement en négociation. Bref, un joueur hors-norme, dont le roi Pelé a dit lui-même qu’il pourrait devenir meilleur que lui.

Hors normes, aussi, les sommes en jeu dans son transfert. Outre les 22 millions déboursés par le PSG pour débaucher Neymar, l’Equipe nous apprend que le club qatari va devoir payer sa rémunération annuelle, estimée entre 60 et 70 millions d'euros selon un proche du dossier, soit un coût total compris entre 110 et 120 millions par an, un cinquième du budget du PSG. Des sommes «folles», selon le Parisien – qui a sorti la calculette, à l’intention de ceux pour qui ces montants relèvent de l’abstraction pure. 222 millions d’euros, indique le journal, c’est par exemple le coût de trois avions Rafale (80 millions d’euros l’unité), 25 392 m2, très précisément, de logements à Paris, ou encore, 3,3 millions de billets pour un concert de Céline Dion…

En Espagne, l’annonce de ce transfert est très mal accueillie. Dans une interview accordée à l’Equipe, le président de la Ligue espagnole annonce avoir déjà commencé à préparer la riposte. D’après Javier Tebas, qui accuse le PSG, financé par le Qatar, de présenter des «chiffres économiques fictifs», de concurrence déloyale et de non-respect des règles du jeu, la Liga aurait l’intention de porter l’affaire devant la direction générale de l’Union européenne de la concurrence et devant l’UEFA. Mais les plus touchés, semble-t-il, sont les supporters du Barça, qui disent se sentir trahis par le joueur brésilien, au point de placarder sur les murs de la ville cette affiche représentant l’attaquant avec cette légende: «on recherche le traître. Les mercenaires dehors, on ne veut que les joueurs qui aiment le maillot».

La presse française, elle, est partagée. Tout le monde ne partage pas l’enthousiasme de l’Equipe et du Parisien, à l’image de la Croix. Certes concède le journal, «on pourra arguer que c’est le prix à payer pour entrer dans la cour des grands clubs européens, que la loi de l’offre et de la demande s’applique aussi au football, que faire venir un joueur de grand talent est un investissement et non une dépense», «mais tous ces arguments ne suffisent pas à dissiper le malaise, je cite, devant l’ampleur des sommes en jeu». Sceptique aussi, Libération, qui ironise sur la partie de «cash-cash» qui vient de se jouer. «Le coup de maître du (PSG) repousse toutes les limites, celle de l’émotion, du sport, de la géopolitique, et surtout du cash», écrit le journal.

L’argent dont il est aussi beaucoup question du côté de l’Humanité – très remonté contre le plan d’économies annoncé par le gouvernement pour les collectivités locales. «Communes, départements, Macron resserre le garot», accuse l’Huma, qui évoque le chiffre de 13 milliards d’euros en moins pour la durée du quinquennat. «La start-up Macron sabre à tout va», et «cela veut dire que les plus fragiles seront les plus éprouvés, l’aggravation de la crise et du désarroi des jeunes dans les quartiers dits sensibles».

Eh non, tout le monde n’est pas voué à une carrière footballistique interplanétaire. Mais on ne va pas se quitter là-dessus. Pour terminer, je vous propose de jeter un cil au Parisien, qui rapporte que selon une étude, le charme de l’accent français opère toujours auprès des étrangers. Explication d’un spécialiste des langues: le charme de l’accent français serait en partie lié à l’univers culturel qui lui est associé. Quand un étranger entend la langue de Molière, il imaginerait aussi «Catherine Deneuve, la gastronomie, les monuments». Quant à l’accent préféré par les Français, il s’agirait de l’italien – ma si!

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