Après le pillage de trois de ses bureaux par la milice islamiste des Shebab à Baïdoa, une ville du centre de la Somalie, l'ONU annonce l'arrêt temporaire de ses activités dans la région, malgré une "situation humanitaire critique".
"Nous avons reçu l'ordre de sortir du bâtiment et ils ont aussitôt commencé à piller tout ce qui appartient aux agences de l'ONU", rapporte un agent de sécurité, joint par Reuters à Baïdoa, une ville du centre de la Somalie.
Lundi, des miliciens somaliens appartenant au groupe islamiste radical des Shebab s'en sont ainsi pris aux locaux de l’ONU à Baïdoa, à 250 kilomètres au sud de la capitale, Mogadiscio, mais également à Wajid, à une centaine de kilomètres plus au nord.
Trois agences onusiennes ont été visées par ces pillages : le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Bureau politique des Nations unies pour la Somalie (UNPOS) et le Département de la sécurité et de la sûreté des Nations unies (UNDSS).
Dans un communiqué, les Shebab (les "jeunes" en arabe) ont justifié leur geste par le fait que "les agences étrangères sus-mentionnées travaillent contre l'intérêt de la population musulmane de Somalie et contre l'édification d'un État islamique en Somalie". Ils ont décrété que les trois organismes ne pouvaient plus opérer dans le pays.
L'ONU dans l'impossibilité de poursuivre sa mission
Quelques heures après ces pillages, l’ONU a annoncé sa décision de suspendre temporairement ses activités dans la ville de Baïdoa. "Le pillage de tout le matériel de communication d'urgence et l'absence de vigiles rend impossible la poursuite de la mission de l'ONU" à Baïdoa, souligne l'organisation dans un communiqué.
Le texte indique toutefois que les organismes de l'ONU poursuivaient leur travail à Wajid, "où le minimum de sécurité requis reste inchangé".
Les rebelles, qui mènent une offensive pour renverser le président Cheikh Sharif Ahmed, un islamiste modéré, ont aussi annoncé l’ouverture d’un bureau pour superviser les activités des ONG et des agences étrangères opérant en Somalie. Selon le communiqué, celles-ci devront désormais passer par les autorités islamistes locales pour savoir dans quelles conditions elles pourraient travailler.
Les Shebab détiennent en outre deux agents du renseignement français enlevés le 14 juillet dans leur hôtel à Mogadiscio par des hommes armés. Hassan Yacqub, leur porte-parole, qui se trouve dans la ville portuaire de Kismayo, a réaffirmé lundi qu’ils n’excluaient pas d’organiser un procès pour juger les deux otages. "Ces hommes sont des prisonniers de guerre et les moudjahidine décideront prochainement des mesures à prendre", a-t-il affirmé.