logo

Catastrophe humanitaire au Yémen : "Chaque mois la situation empire"

L'ONU a alerté une nouvelle fois mercredi sur la crise humanitaire majeure que traverse le Yémen, en proie à la guerre. Sur place, l'ONG Médecins sans frontières voit la situation se dégrader de mois en mois, accentuée par une épidémie de choléra.

L’ONU a lancé un cri d'alarme, mercredi 26 juillet, sur la situation humanitaire très préoccupante au Yémen. Ravagé par la guerre depuis plus de deux ans, "au bord de la famine", le pays est touché par une épidémie de choléra qui a fait près de 1 900 morts, alors que quelque 400 000 cas suspects ont été recensés.

"Près de 80 % des enfants au Yémen ont besoin d'une aide humanitaire immédiate", ont conjointement alerté les directeurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, du Programme alimentaire mondial (PAM) David Beasley et de l'Unicef Anthony Lake, dans un communiqué. "Quelque 2 millions de ces enfants souffrent de malnutrition aiguë", ont-ils précisé, "avec plus de 60 % de la population ne sachant pas d'où viendra son prochain repas".

L’une des rares ONG présentes sur le terrain, Médecins sans frontières (MSF) a vu la situation empirer de mois en mois. "Le système de santé local est en train de s’effondrer", alerte Ghassan Abou Chaar, chef de la mission MSF au Yémen. "Plus de 55 % des centres de santé ont été détruits par des bombardements et les autres n'ont plus le financement pour payer leurs cadres médicaux", explique l’humanitaire, joint par France 24 à Sanaa. "Sans salaires depuis août 2016, les fonctionnaires n'ont plus d'argent pour se nourrir, il y a des produits sur le marché mais la population ne peut plus y accéder."

L’État yéménite est déchiré depuis deux ans par une guerre qui oppose le gouvernement soutenu par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite aux rebelles houthis, alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh et soutenus par l'Iran.

"Nous nous sentons très seuls sur le terrain"

Dans l'urgence, MSF a installé 18 centres de santé et en soutient une vingtaine d’autres, éparpillés dans le pays. L’ONG a recruté 400 employés supplémentaires sur place pour faire face à l’épidémie de choléra, amplifiée par la malnutrition. Mais leurs services sont rapidement débordés. "Nous nous sentons très seuls sur le terrain. Nous aimerions que d’autres acteurs humanitaires puisse être présents", insiste Ghassan Abou Chaar.

Le choléra, qui a progressé à un rythme spectaculaire depuis la mi-mai, a mobilisé beaucoup de moyens afin d’isoler les patients et de traiter ceux qui présentaient des symptômes. En près de deux mois, le nombre de malades pris en charge par MSF est passé de 780 à 60 000.

Des craintes de recrudescence du choléra avec la saison humide

Si le nombre de nouveaux cas ralentit dans certaines villes, l’OMS prévient néanmoins que l'épidémie est loin d'être endiguée et pourrait s'accroître pendant la saison humide. Selon les prévisions de l'ONG Oxfam, plus de 600 000 personnes pourraient être infectées, dépassant le nombre de cas de l'épidémie de choléra à Haïti en 2011. Pour Ghassan Abou Chaar, tant que le système de santé ne sera pas "fonctionnel", "d'autres épidémies pourraient s'installer".

En outre, l'aide humanitaire se heurte à un problème financier. Les Nations unies n'ont réuni que 47 millions de dollars (41 millions d'euros) sur les 250 millions que l'institution espérait récolter pour lutter contre le choléra au Yémen. Puisant des ressources dans les programmes alimentaires, à court de financement, ils ont lancé un appel à l’aide international le 11 juillet.

Avec AFP et Reuters