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Il est vraiment temps de parler de la santé mentale de Donald Trump, juge une association de psychanalystes américains

C’est le dilemme qui tiraille les psychanalystes américains : faut-il oui ou non questionner la santé mentale du président des États-Unis ? L’American Psychoanalytic Association vient de trancher dans un mail envoyé à ses membres en début de mois.

L’une des plus grandes sociétés de psychanalyse des États-Unis est bien décidée à considérer publiquement l’état mental du président américain. L’American Psychoanalytic Association a décidé que ses 3 500 membres pouvaient librement commenter la santé mentale des personnalités politiques, à commencer par celle de Donald Trump, fait savoir The Verge, mardi 25 juillet.

Dans un mail envoyé en interne jeudi 6 juillet, l’American Psychoanalytic Association invoque la responsabilité professionnelle. "Nous ne voulons pas interdire à nos membres d’utiliser leur compétences avec responsabilité", a déclaré Prudence Gourguechon, ancienne présidente de l’association, au site d'information médicale Stat.

"Le comportement de Donald Trump est si différent de ce que nous avons vu jusqu’à présent"

Une responsabilité qui n’a jamais été aussi importante puisque, selon la psychanalyste, "le comportement de Donald Trump est si différent de ce que nous avons vu jusqu’à présent".  

En finir avec la règle "Goldwater"

Si le débat autour de la stabilité psychique du président des États-Unis couve depuis les débuts de la campagne présidentielle, cette décision alimente une controverse très vive dans le milieu de la psychanalyse américaine. Car depuis 53 ans, aux États-Unis, les professionnels de santé respectent une règle informelle dite "Goldwater" en vertu de laquelle ils ne s’expriment jamais sur la santé mentale de personnalités publiques qu’ils n’ont pas examinées, d’autant plus qu’ils n’ont pas obtenu leur consentement.

Un principe qui remonte à 1964, lorsque le magazine Fact avait publié un numéro spécial consacré à "l’inconscient du candidat républicain", un certain Barry Goldwater. À l’intérieur, un sondage interrogeait une centaine de psychanalystes sur les aptitudes du candidat à l’élection présidentielle. Ces derniers affirmaient, presque unanimes, qu’il n’était "psychologiquement pas apte" à assumer des fonctions présidentielles.

S’en était alors suivi un procès intenté par le concerné au magazine Fact qui sera finalement condamné pour diffamation. La polémique poussera finalement l’Association de psychiatrie américaine, l'American Psychiatric Association, à adopter l’éthique dite de Goldwater, en rappelant l’importance du secret médical.

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Fou ? Ou saint d'esprit ?

Avec cette initiative, l’American Psychoanalytic Association défie donc la position dominante défendue par l’Association de psychiatrie américaine, une autre société qui compte plus de 36 000 membres existe depuis le milieu du XIXe siècle. Celle-ci n’entend pas en finir avec la règle Goldwater et s’est toujours gardée d’émettre un avis sur les compétences psychiques de Donald Trump.

Donald Trump serait atteint de "narcissisme malfaisant"

L’année dernière, au cours de la campagne électorale, sa présidente Maria Oquendo avait d'ailleurs alerté, au nom de l’éthique, contre les tentations à psychanalyser Donald Trump. Pourtant, ces derniers mois, de nombreux professionnels n'ont pas hésité à s’affranchir de la règle informelle pour s’avancer sur le sujet, à titre personnel ou en petit comité.

En avril, des universitaires de Yale avaient même organisé une conférence sur l’état mental du président des États-Unis. Leurs conclusions : Donald Trump serait atteint de "narcissisme malfaisant", un trouble de la personnalité caractérisé par des tendances asociales et paranoïaques.

Duty to Warn, une autre association de professionnels de la santé, juge Donald Trump malade mental et en appelle à sa destitution, notamment dans le cadre d'une pétition. En quatre mois, à l’heure où nous écrivons ces lignes, celle-ci a rassemblé plus de 58 000 signatures. La bataille pour savoir si Donald Trump est fou ou non a donc bel et bien commencée.

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