Pour des personnalités comme Stephen Hawking ou Elon Musk, la colonisation de Mars est un horizon inévitable pour l'homme. Mais avant de conquérir la planète rouge, il nous faut encore apprendre à construire sur notre plus proche satellite, la Lune.
Pour coloniser la Lune, il va bien falloir se construire des petits nids douillets où les astronautes pourront reposer leurs esgourdes après de longues heures de promenade en apesanteur. Car l’installation d’un campement permanent sur le seul satellite naturel de la Terre permettrait de faire un bond en avant dans l’exploration spatiale et la colonisation de Mars.
Mais comment faire ? Sur la Lune, on ne peut tout simplement pas construire des bâtiments avec des briques en terre cuite ou du parpaing. Il faut des matériaux adaptés à l’environnement local.
Une équipe de chercheurs européens travaillent ardemment sur le développement de ces matériaux du futur. Propulsé par le German Aerospace Center (DLR), le centre spatial national allemand, en collaboration avec l’Agence spatiale européenne, le projet Regolight consiste à concevoir et produire des briques imprimées en 3D grâce à la poussière lunaire.
"D’un point de vue technique, maintenant que l’humanité a établi un ancrage permanent en orbite, la prochaine étape naturelle est de voir comment nous pouvons construire sur la surface d’une autre planète. Désormais, nous devons explorer quels seront les défis de cette installation", explique Matthias Sperl, scientifique spécialiste des matériaux au DLR et au sein de Regolight, à Horizon, un magazine institutionnel de l’Union européenne sur l’innovation.
Des legos sur la Lune
Construire des briques à base de poussière de Lune implique logiquement l’utilisation de quantités faramineuses de cette même poussière. Les scientifiques utilisent donc une simulation de ce matériau qu’ils arrivent à compacter en utilisant de la lumière solaire focalisée.
En utilisant un four solaire, cette lumière permet de chauffer la poussière lunaire à 1000 °C grâce à 147 miroirs reflétant et concentrant la puissance de notre astre lumineux. Ensuite, cette même poussière est utilisée grâce à une imprimante 3D – qui n’est évidemment pas l’imprimante basique que nous pouvons acheter dans le commerce – ce qui permet de produire une brique de 20 x 10 x 3 cm en environ cinq heures de temps.
Le processus vous semble complexe ? Il l’est. Voyez plutôt cette démonstration réalisée par l'ESA et Regolight.
Une fois sur la Lune, les scientifiques du projet Regolight espèrent que les astronautes pourront utiliser les matériaux locaux pour construire leurs installations. "Ça fait sens d’utiliser le soleil comme source d’énergie. Pour tous les autres matériaux dont nous pourrions avoir besoin, on peut creuser dans le sol pour trouver de l’hydrogène et de l’oxygène, avec lesquels nous pourrions produire de l’eau", explique encore Matthias Sperl à Horizon.
Reste à savoir à quoi ces bâtiments pourraient ressembler. Pour le chercheur, l’un des traits caractéristiques de la Lune, mis à part sa gravité, c’est les radiations puissantes qui émanent directement du soleil. Ce qui signifie que les bâtiments, les outils et les astronautes devront être équipés de "boucliers à radiation". Ainsi, "tous les bâtiments sur la Lune auraient besoin d’une couche protectrice d’un mètre en poussière lunaire". Finalement, l'utilisation de ces briques à partir de poussière lunaire et couches protectrices qui seront nécessaires devraient faire ressembler les bâtiments à "l'assemblage de legos", conclut le chercheur.
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