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"Édouard Filou" : la presse revient sur la prestation du Premier ministre

Au menu de cette revue de presse française du mercredi 5 juillet : le vote de confiance de l’Assemblée nationale au gouvernement d’Édouard Philippe à l'issue de son discours de politique générale, les ambitions écologiques de la majorité et le vote de Bruxelles sur la définition des perturbateurs endocriniens.

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À la une de la presse française, la confiance votée largement, hier, par l’Assemblée nationale au gouvernement, à l’issue du discours de politique générale du Premier ministre.
370 députés pour, 67 contre, 129 abstentions : Le Parisien évoque un vote «record» à plus d’un titre. D’abord, parce que c’est le plus faible nombre de votes contre un discours de politique générale depuis 1959. Ensuite, parce qu’il n’y a jamais eu autant d’abstentions - les trois quarts des élus du parti Les Républicains d’opposition ayant finalement décidé de s’abstenir. Enfin, parce que c’est la plus forte majorité obtenue lors d’un vote de confiance depuis la période 1993-1997, sous Edouard Balladur puis Alain Juppé. «Je ne prends en aucune façon cette confiance comme un blanc-seing, je remercie l’ensemble des députés qui l’ont votée, je respecte évidemment ceux qui en l’ont pas fait», a poliment répondu le Premier ministre, qu’on retrouve en «chef de chantiers», dans le dessin de Kak pour L’Opinion. Pour son discours de politique générale, ce dernier avait potassé les «Œuvres complètes» de l’un de ses prédécesseurs, Jean-Pierre Raffarin : «Notre route est droite, mais la caisse est vide».
Le Parisien détaille «les 12 travaux» qui attendent le chef du gouvernement, ou plutôt la série de mesures annoncées hier. Elles figuraient pour la plupart dans le programme d'Emmanuel Macron, comme la revalorisation de l’allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse, mais aussi la mise en place des vaccins obligatoires, le paquet de cigarettes à 10 euros, et la réforme du bac. Bref, Edouard Philippe aurait fait dans le concret, affichant son intention de réformer, mais «sans précipitation». «Impôts, réformes  la prudence l’emporte», titrent Les Échos, qui annoncent «l’étalement» sur l’ensemble du quinquennat des promesses fiscales de la campagne électorale – qu’il s’agisse des exonérations de taxe d’habitation ou de l’impôt sur la fortune. «Le gouvernement se retrouve avec une feuille budgétaire plus compliquée que prévu», explique le journal, que les «objectifs ambitieux affichés pour les finances publiques», dont la réduction des dépenses de 66 milliards d’euros, semblent rassurer. Le Figaro en revanche reste sur sa faim. «En marche, à petits pas», ironise le journal: «À ce rythme d’escargot, à la fin du mandat d’Emmanuel Macron, La France sera toujours le pays qui dépense le plus, mais aussi celui qui taxe le plus».
Libération salue à sa façon «l’habileté» d’Édouard Philippe. D’après le journal, le Premier ministre serait passé maître en «enrobage de  l’austérité» - d’où ce surnom d’«Édouard Filou», à la une du journal, qui se méfie beaucoup de son «incroyable discrétion quand il s’agit d’évoquer les mauvaises nouvelles». «Édouard Philippe avance masqué», assure Libé. «La politique du concret n’est pas honteuse, mais à une condition : qu’elle n’utilise pas l’ombrelle de la modestie pour mieux dissimuler aux Français ses véritables objectifs».
Le Premier ministre a aussi dit viser la «neutralité carbone» en 2050. Alors que le plan interministériel sur le climat doit être présenté demain, le chef du gouvernement a semblé reprendre à son compte l’objectif affiché par son ministre de l’Environnement, Nicolas Hulot, au-delà, donc, de ce que fixe la loi de 2015, tout en confirmant les promesses d’Emmanuel Macron en matière de transition écologique. Des décisions qui vont dans le bon sens, d’après la directrice de la Fondation européenne pour le climat Laurence Tubiana. Elle prévient dans La Croix que «le climat n’attend pas». «D’une manière générale, lance-t-elle, Nicolas Hulot doit tenir bon face aux pressions, en particulier lorsque la France se fixe des règles environnementales plus strictes que l’Union européenne».
Le ministre de l’Environnement revient ce matin sur le vote de la Commission européenne sur la définition des perturbateurs endocriniens. Après un an de blocage, Bruxelles a enfin adopté hier les critères définissant ces substances chimiques, suspectées de modifier le système hormonal et d’être à l’origine de plusieurs maladies, tels que le diabète, le cancer, ou l’infertilité. Dans une interview accordée à Libération, Nicolas Hulot parle d’une avancée majeure, tout en reconnaissant avoir dû céder sur la levée de l’exemption de certains produits, demandée par l’Allemagne, favorable à une réglementation peu contraignante pour l’industrie. «Nous n’avons pas gagné cette guerre, mais nous avons gagné une bataille», assure le ministre, sans convaincre ni les ONG ni les scientifiques. La Société européenne d’endocrinologie pédiatrique déplore ainsi «une définition au goût amer». Le Monde rapporte que les opposants au texte estiment que «le niveau de preuve requis pour identifier une substance comme perturbateur endocrinien est trop élevée pour garantir à ce texte son efficacité». Bruxelles qui a aussi décidé d’empêcher le retrait des pesticides «conçus spécifiquement pour perturber le système endocrinien des insectes ciblés» - même s’ils sont susceptibles d’atteindre ceux d’autres espèces animales, et les humains.
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