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Les études scientifiques favorisent les souris mâles, et c'est un vrai problème pour les femmes

Une récente étude prouve que les effets d'un médicament varie en fonction du sexe. Une conclusion bien problématique, puisque chez les souris de laboratoire comme chez les humains testés, les mâles sont largement privilégiés.

Les mâles et les femelles physiologiquement sont différents. On pensait que cette affirmation à la "Captain Obvious" était acquise mais cela n'a visiblement pas empêché la science d'ignorer cette évidence.

Une étude à large échelle s'est enfin concencée sur les différences entre souris mâles et souris femelles en s'appuyant sur 234 traits physiques, qu'ils soient quantitatifs, comme la densité osseuse, ou qualitatifs, comme la forme de la tête ou encore la couleur des yeux. Pour 57 % des traits quantitatifs et presque 10 % des traits qualitatifs, des différences inhérentes au sexe ont été observées. Publiée le 26 juin dans la revue Nature Communications, l'étude démontre également que le sexe va jusqu'à influencer les modifications génétiques dans certains types d'expériences. 

De nombreuses inconnues quant aux effets des produits testés sur des spécimens femelles

Problème : lors des expérimentations et autres tests médicamentaux, les souris mâles sont plus exploitées que les souris femelles, comme l'expliquait déjà Popular Science en avril 2017. En 2011, une autre étude avait conclu que dans les expériences scientifiques, les animaux testés avait 5 fois plus de chance d'être des mâles que des femelles. Idem en 2014, après que 2 347 articles scientifiques liés à des études ont été passé en revue : lors de 80 % d'entre elles, les chercheurs n'avait fait appel qu'à des mâles. Une telle pratique laisse ainsi planer de nombreuses inconnues quant aux effets des produits testés sur des spécimens femelles. Sans parler des différences biologiques entre une souris et un être humain, qui, de fait, contribuent encore plus à multiplier les zones d'ombre.

A focus on male mice models in clinical trials has big implications for the benefits of scientific research. https://t.co/k5ZXu42cy6 pic.twitter.com/f8RrIhzCf5

— Covert Books (@covertbooks) 27 juin 2017

"Étude intéressante sur comment les souris mâles et femelles guérissent différemment de lésions cérébrales"

Passons en revue l'une des ces différences : la production d'œstrogènes, hormone sexuelle femelle primaire, contribue à diminuer le risque de maladies et de faiblesses cardiaques chez les femmes. Ce n'est qu'une fois ménauposées – donc lorsqu'elles ne produisent plus d'œstrogènes –, qu'elles y deviennent aussi vulnérables que les hommes. 

Popular Science explique que lorsqu'ils pratiquent des test sur des cobayes femelles, les scientifiques les choisissent généralement ménopausés. Dans le cas où il s'agit de femelles d'âge jeune ou moyen, ils effectuent les tests entre les règles et la période d'ovulation – période où les différences hormonales sont les moins fortes entre homme et femme. En bref, les études gomment les spécificités liées au sexe féminin.

Interesting study into #TBI and how male and female mice recover differently #braininjury https://t.co/EYdAQ3a6TU

— The Badby Group (@BadbyGroup) 28 juin 2017

La discrimination par le médicament

"Notre étude illustre à quel point le sexe joue un rôle dans les traits caractéristiques des individus, là où l'on aurait tendance à supposer qu'ils sont identiques chez l'homme comme la femme", explique Judith Manka, généticienne à la University College London. "Le sexe d'une souris peut influencer jusqu'à une modification génétique. Cela veut dire qu'étudier uniquement les mâles ne donne qu'une moitié de résultat sur toute une espèce."

"Étudier uniquement les mâles ne donne qu'une moitié de résultat pour une espèce"

Logique, et pourtant c'est ainsi que fonctionne la sciences depuis ses balbutiements. En 1990, les États-Unis créent le Bureau de recherche sur la santé des femmes, pour alerter sur l'absence des femmes dans les tests cliniques. Pour confirmer cette lacune, un chiffre suffit : entre 1997 et 2001 aux États-Unis, 80 % des médicaments retirés du marché le sont à cause d'effets secondaires sur les femmes.

Comme le note justement Futura Sciences, compte tenu de la prédominance des mâles dans les tests, un médicament qui fonctionnerait mieux chez une femme que chez un homme passerait alors, naturellement, à la trappe. Alors sans pour autant encourager au développement de "médicaments pour homme" et "médicaments pour femme", il serait déjà bien qu'on commence par imaginer des médicaments pour tout le monde.

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