Lors de la prière du vendredi, l'ex-président Rafsandjani a estimé que les autorités ont perdu la confiance du peuple iranien. La manifestation des partisans de Mir Hossein Moussavi, qui s'est déroulée à la fin du prêche, a été réprimée.
L'ancien président Akbar Hachemi Rafsandjani a affirmé, lors de la prière du vendredi qu’il conduisait depuis l’université de Téhéran, qu’une large partie des Iraniens avaient des doutes quant aux résultats de la présidentielle du 12 juin, remportée par son ennemi juré Mahmoud Ahmadinejad.
Le sermon, très attendu, a attiré un grand nombre de partisans du candidat défait Mir Hossein Moussavi, qui a assisté à la prière. Un autre candidat réformateur défait, Mehdi Karoubi, présent lui aussi, a été agressé avant de s’y rendre, selon son fils. "Lorsque mon père est descendu de la voiture à l'entrée de l'université, des hommes en civil l'ont attaqué et insulté. Son turban est tombé. Ils ont tenu des propos outranciers à son égard", peut-on lire sur le site Internet de son parti, Etemad Melli, qui cite Hossein Karoubi. L’information n’a pas pu être confirmée en raison du manque de couverture médiatique en Iran.
C’était la première fois depuis deux mois que Rafsandjani, qui soutenait Moussavi à la présidentielle, dirigeait la grande prière hebdomadaire à l’université de Téhéran. De son côté, Moussavi apparaissait en public pour la première fois depuis la validation officielle des résultats du scrutin, le 29 juin.
À la fin du prêche, plusieurs milliers de partisans de l'opposant se sont rassemblés dans le centre de Téhéran, a rapporté un témoin à l’AFP. Ils ont été dispersés par les forces de sécurité, qui ont procédé à "plusieurs arrestations", selon des témoins. La manifestation, la première depuis celle du 9 juillet qui commémorait le dixième anniversaire des émeutes étudiantes de 1999, intervient au moment où le président réélu, Mahmoud Ahmadinejad, constitue sa nouvelle équipe.
Rafsandjani, un homme influent
Selon Rafsandjani, la confiance des Iraniens a "été perdue" lors du scrutin et doit maintenant être "regagnée", en libérant notamment les manifestants emprisonnés. "Dans la situation actuelle, il n’est plus nécessaire de garder autant de monde en prison... Nous devrions les autoriser à retourner dans leurs familles," a-t-il déclaré.
Figure politique centrale de la République islamique depuis sa fondation il y a trente ans, l'ayatollah Akbar Hachemi Rafsandjani bénéficie d’une influence certaine dans le pays. "Il se positionne en tant que leader de cette force de la coalition", commente Bernard Hourcade, spécialiste de l’Iran au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). "Il ne s’agit pas de renverser la République, mais de trouver un compromis."
Dès le début de son prêche, retransmis par les médias nationaux, il a indiqué que son sermon proposerait "une solution à la situation actuelle, afin qu'une voie soit trouvée pour s'engager vers un avenir empreint de la grandeur, de l'unité et du consensus dont [nous] disposions à l'origine". Il a ensuite appelé à laisser les médias exercer leur métier, dans le cadre de la loi.
Slogans à la gloire de Moussavi
En dépit de la canicule et d’une forte présence policière, des milliers de partisans de Mir Hossein Moussavi, brassard vert au bras pour certains - couleur de leur candidat vaincu -, s’étaient rassemblés à l'université de Téhéran pour l'occasion. Face à leur liesse, Rafsandjani a dû interrompre quelques minutes son prêche. Selon des témoins, la foule, principalement composée de jeunes, scandait des slogans à la gloire de Moussavi et lançait des "Allah Akhbar" ("Dieu est grand") et "Libérez les prisonniers politiques".
À plusieurs reprises, la police a tenté de les disperser, parfois à l'aide de gaz lacrymogènes et de balles de peintures. Elle a, selon des témoins, procédé à plusieurs arrestations.
Depuis l’élection présidentielle, l'Iran doit faire face aux manifestations les plus importantes de l'histoire de la République islamique, ébranlant pour la première fois les fondements du régime.
Cependant, ces dernières semaines, le pouvoir était parvenu à faire cesser les contestations par une violente répression, causant la mort d’une vingtaine de personnes, selon un bilan officiel.