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Ruptures diplomatiques : le Qatar veut maintenir le dialogue avec ses voisins

Mis au ban diplomatique par l'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés, le Qatar a appelé mardi à "un dialogue ouvert et honnête" pour sortir de cette crise. Ce blocus inquiète les habitants de Doha qui prennent leurs dispositions.

Le Qatar semble jouer la carte de l'apaisement. Il n'y aura pas "d'escalade" de la part de Doha, a assuré, mardi 6 juin, le chef de la diplomatie de l'émirat, Mohammed bin Abdul Rahman, dans un discours diffusé par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira. 

"Notre relation avec les États-Unis est stratégique", a-t-il insisté : Il y a des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord, mais les secteurs dans lesquels nous coopérons sont plus nombreux que ceux dans lesquels nous divergeons". Le Qatar héberge notamment la plus grande base aérienne américaine dans la région Al-Udeid, forte de 10 000 hommes et cruciale pour le combat de la coalition internationale contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak.

Vingt-quatre heures plus tôt, Doha n'avait pas caché sa colère vis-à-vis des pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite, Bahreïn et le Yémen, qui avaient annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques. L'émirat avait notamment rejeté une décision "injustifiée" et "sans fondement", tout en accusant ses voisins de vouloir le mettre "sous tutelle" et de l'étouffer économiquement.

En coulisses, les discussions se sont intensifiées pour apaiser les tensions. L'émir du Koweït, seul membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avec Oman à ne pas avoir rejoint ce mouvement de rupture, avait reçu lundi un émissaire du roi saoudien Salmane avant d'appeler l'émir du Qatar pour l'"exhorter à la retenue".

Les chefs de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et russe, Sergueï Lavrov, se sont entretenus séparément avec leur homologue qatari. Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, ont aussi appelé "à des solutions de compromis".

Les Qataris affolés par le blocus

Mais des mesures économiques se sont ajoutées à la mise sur la touche diplomatique. Les pays voisins du Qatar ont fermé toutes les frontières terrestres et maritimes et interdit le survol aux compagnies aériennes qataries. Les déplacements de personnes sont également restreints.

Les conséquences économiques pourraient être grandes pour le pays. La fermeture du seul accès terrestre au Qatar, via l'Arabie saoudite, affectera les importations de biens de consommation.

Affolés par ce blocus de facto saoudien, des habitants de Doha ont pris d'assaut les supermarchés lundi, et le lait, le riz ou le poulet ont rapidement disparu des rayons. "C'est la panique", a témoigné Ernest, un Libanais, poussant deux chariots pleins à craquer.

Avec AFP