
Dans la majorité des pays africains, les internautes n'ont pas accès à des contenus locaux dans leurs résultats de recherche Google. C'est ce que révèle une étude publiée par des géographes américains, qui dénoncent une hégémonie occidentale.
À chacune de leurs requêtes, ils sont inondés de contenus occidentaux. Une étude publiée dans la revue Annals of the American Association geographers, le 1er mai et relayée par Quartz, révèle que les internautes africains sont submergés de pages anglo-saxonnes et françaises, lorsqu'ils effectuent des recherches sur Google, depuis leur pays. Les contenus locaux sont, eux, quasiment absents.
Pour en tirer ces conclusions, les chercheurs ont analysé plus de 33 000 résultats de recherche générés pour 188 capitales et grandes villes africaines, générées depuis Google décliné à l'international. Ils ont ainsi constaté que pour 61 pays, la moitié des résultats de recherche, étaient constitués de pages originaires des États-Unis : Wikipedia, TripAdvisor, Lonely Planet ect.
Concrètement, les pages locales sont plus nombreuses que les pages occidentales, dans seulement 8 des 54 pays africains.
"Les pages locales sont majoritaires dans seulement 8 des 54 pays africains"
L'Afrique du Sud et Madagascar s'en sortent le mieux, avec le plus grand nombre de contenus locaux du continent. Inversement, en Egypte, au Botswana ou en République démocratique du Congo, entre autres, les contenus occidentaux demeurent majoritaires dans les résultats de recherche.
Une "hégémonie numérique" ?
"Cela conduit à une forme d'hégémonie numérique, dans laquelle les producteurs de quelques pays définissent ce qui est lu par d'autres", expliquent Andrea Ballatore, Mark Graham et Shilad Sen, dans leur étude. Plutôt que de désenclaver et d'encourager l'expression, Google et son système du réferencement ne feraient donc finalement que creuser la fracture numérique entre les pays riches et le tiers-monde.
Mais si les contenus locaux sont si peu référéncés sur Google, c'est aussi parce que les sites africains sont souvent hébérgés à l'étranger, pour bénéficier d'un temps de chargement plus rapide.
Selon l'étude, un autre facteur influe également sur le nombre de contenus locaux : la présence d'une industrie de l'information, forte et active. Or, dans beaucoup de pays africains aujourd'hui, l'information sur Internet demeure consommée via des sites français ou anglo-saxons. Une situation problématique, d'après les chercheurs : "Globalement, la plupart des pays du sud continuent d'être définis par une diversité de sources (...) Le problème c'est que ces souces sont biaisées et qu'elles proviennent pratiquement totalement des pays du nord". Et de citer Chinua Achebe, auteur nigérian : "Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur."
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