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"Macron, président à poigne"

Au menu de cette revue de presse française, lundi 29 mai, la première rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron à Versailles, lieu très symbolique. La réforme du Code du travail. Et une Palme d’or qui ne convainc pas la critique.

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A la Une de la presse française, ce matin, la première rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, aujourd’hui, au château de Versailles.
«Paris fait sa cour», annonce 20 minutes, en évoquant «un choix symbolique à plus d’un titre» - le fait qu’avec Versailles, Emmanuel Macron «se place dans la tradition de la grandeur française», et cherche à «montrer que la France est puissante sur la scène internationale et n’est pas en infériorité face à la Russie», d’après le politologue Dominique Colas. Et parce que Versailles est un lieu historique où Emmanuel Macron et Vladimir Poutine parcourront une exposition consacrée à la venue du tsar Pierre le Grand en France en 1717 - une visite qui avait permis à la France et à la Russie d’établir des relations diplomatiques. Ce qui permettrait de faire passer encore ce message: Pierre le Grand, ayant été un grand réformateur qui a fait basculer la Russie dans une forme de modernité, visiter cette exposition, (on montre) à Poutine qu’on le traite en tsar moderne», selon le chercheur Alexandre Eyries, qui parle d’un «moyen de flatter» le président russe et de «lui envoyer un signal positif pour la suite».
La rencontre entre les deux  chefs d’Etat est lestée de plusieurs dossiers chauds. «Le test Poutine», annonce Libération, en évoquant la Syrie, l’Ukraine, l’imbroglio diplomatico-judiciaire Ioukos sur les saisies de biens russes en France liées à la nationalisation de la compagnie pétrolière, ou encore les MacronLeaks, le piratage de l’équipe de campagne d’En Marche!, où Moscou fait figure de principal suspect. Beaucoup de sujets qui fâchent, alors que le patron du Kremlin tenterait de «reprendre pied face à une Union Européenne ragaillardie par la victoire» d’Emmanuel Macron, selon le Figaro, qui explique que Vladimir tentera «de briser un isolement grandissant» en montrant que la Russie est «prête à travailler» avec le nouveau président français selon le politologue Dmitri Orechkine. L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron serait également «scrutée de très près par les libéraux russes qui font face, dans leur propre pays, à un durcissement du régime», en Ukraine, où des représentants des droits de l’homme lui ont adressé une lettre ouverte lui demandant d’intervenir auprès de Poutine pour obtenir la libération d’opposants emprisonnés en Russie, pour avoir dénoncé l’annexion de la Crimée et l’intervention militaire russe dans le Donbass. Et bien sûr, du côté de l’opposition syrienne, dont l’une des figures, Bassma Kodmani, livre une tribune dans Libération où elle demande à Emmanuel Macron de ne pas tomber «dans le piège de Vladimir Poutine»: « Monsieur le Président, écrit-elle, lorsque vous vous retrouverez en tête à tête avec votre homologue russe, souvenez-vous d’Alep. N’oubliez pas les millions de Syriens toujours pris au piège du conflit, qui attendent de trouver protection et aide humanitaire en l’absence d’une solution politique, tenue à distance par la stratégie de guerre totale menée par le régime syrien et son allié russe».
Emmanuel Macron, lui, assure ne pas craindre «le rapport de force» - c’est en tout cas ce qu’il a affirmé samedi après la «virile» poignée de main échangée avec Donald Trump au G7. Une entrée en matière largement saluée par la presse française, dont Libération, qui lui attribue ses «encouragements» pour son «grand oral international». D’après Libé, le nouveau président se serait positionné « n facilitateur» et su «maîtriser sa communication» - en montrant notamment  «qu’il n’entendait pas se laisser intimider par le fougueux et imprévisible locataire de la Maison Blanche».
Donald Trump, qui s’est illustré lors du G7 par son hostilité à l’accord de Paris sur le climat – est montré rentrant à Washington, dans le dessin de Willem, pour Libération. Au pied de l’avion, une foule de manifestants en colère. «Les Européens ont raison: le climat devient merdique», fulmine le président américain.
Son marathon diplomatique terminé, Emmanuel Macron va lui aussi devoir affronter l’opinion publique – pas forcément acquise à ses projets de réformes. «Président à poigne, Donald Trump s’en souvient. A poigne comme en France?», lancent les Echos, qui expliquent que «c’est ainsi qu’il faut lire le message». «Avant d’attaquer le morceau lourd du Code du travail, Emmanuel Macron donne le «la»», écrit le journal, qui se demande si Emmanuel Macron sera «le président du passage en force». Les Echos dont un sondage indique que 44 % des citoyens se disent «favorables à une réforme en profondeur» du code du travail, tandis que 50 % disent ne vouloir que quelques aménagements, 56 % des personnes interrogées déclarant également refuser le plafonnement des indemnités prudh’homales – des indemnités versées en cas de licenciement abusif – ce que le journal traduit par: «les Français ne veulent pas du statu quo». «La réforme du Code du travail s’annonce compliquée, car son utilité n’est pas perçue comme une évidence», analyse le sondeur.
Pas non plus perçue comme une «évidence», l’attribution de la Palme d’or au fil suédois «The Square». Une palme d’or ne fait jamais l’unanimité, mais à ce niveau, c’est un festival. «The Square fait palme figure», s’agace Libération, qui critique une 70ème édition jugée «décevante» dans son ensemble. «The Square, c’est le Haneke de la blague Carambar», cingle l’Obs, pas convaincu non plus.
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