Deux agents des services de renseignement français ont été kidnappés, mardi, dans la capitale somalienne par des hommes armés. Enlevés dans leur hôtel, ils étaient chargés d'apporter à Mogadiscio une aide en matière de sécurité.
Deux conseillers français en mission d'assistance auprès du gouvernement somalien ont été kidnappés, mardi matin, par des hommes armés dans un hôtel de Mogadiscio, la capitale somalienne. Le ministère français des Affaires étrangères, qui refusait de s'exprimer sur le sujet, a finalement admis que les deux otages étaient des conseillers français en mission officielle en Somalie. "Ils apportaient une aide en matière de sécurité au gouvernement fédéral de transition du président", a-t-il expliqué dans un communiqué.
Les deux hommes s’étaient enregistrés à l'hôtel comme journalistes français. Mais un responsable gouvernemental somalien a indiqué que les deux hommes travaillaient sous couverture, pour leur propre protection.
"Plusieurs hommes armés sont entrés dans l'hôtel Sahafi International, ont pointé leurs armes sur les vigiles et sont allés dans les chambres, où ils ont enlevé deux ressortissants français", a déclaré à l’AFP un employé de l’hôtel, sous le sceau de l'anonymat.
"Le kidnapping, qui n’a duré que quelques minutes", s’est déroulé "très tôt ce matin, aux environs de 8 heures [heure locale]", raconte Stéphanie Braquehais, correspondante de FRANCE 24 à Mogadiscio. Après avoir bloqué la route, des hommes armés sont arrivés dans deux véhicules, selon la journaliste qui cite le responsable de l’hôtel. "Ils ont désarmé les gardes de sécurité de l’établissement avant de se rendre directement dans les chambres des deux personnes qu'ils recherchaient. Les kidnappeurs sont repartis avec un seul véhicule, un pick-up, laissant une petite Toyota tombée en panne qui a été embarquée quelques minutes plus tard par la police somalienne."
Pour l’heure, impossible de connaître les auteurs de l’enlèvement. Les kidnapping sont monnaie courante en Somalie, en particulier à Mogadiscio. "Très souvent, les négociations restent très officieuses, le sort des personnes enlevées reste même souvent inconnu", témoigne Stéphanie Braquehais.
Les agents étaient chargés de former les forces somaliennes
"Selon les autorités, les deux agents étaient chargés d’entraîner la police locale […] et l’armée", rapporte encore la correspondante de FRANCE 24, qui explique ainsi la faible efficacité des forces somaliennes : "Elles sont peu nombreuses - 3000 hommes environ -, et peu entraînées car la plupart sont d'anciens miliciens. Leur entraînement est devenu une priorité pour le gouvernement somalien et la communauté internationale, soucieuse de contrecarrer l’avancée des milices islamistes", poursuit celle-ci
Voitures piégées, bombardements au mortier : la capitale de ce pays d’Afrique de l’Est est en proie à de violents combats depuis plusieurs semaines. Le 7 mai dernier, les islamistes extrémistes des shebab ("jeunesse" en arabe) et la milice Hezb al-Islamiya ont lancé une vaste offensive contre le gouvernement du président Sheikh Sharif Ahmed, élu fin janvier à la tête de ce pays en guerre civile depuis 1991. Les forces pro-gouvernementales peinent à se défendre et plus de 200 000 habitants de Mogadiscio ont fui les combats ces deux derniers mois, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Les quartiers stratégiques de la capitale (le palais présidentiel, le port et l'aéroport notamment) ne sont protégés que par l’aide des soldats de la force de paix africaine (Amisom) et tout le sud du pays est maintenant aux mains des insurgés.
"Dans ce pays, on est en pleine anarchie", analyse l’amiral Pierre Lacoste, ex-directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). "On parle d’ailleurs de 'somalisation' pour définir des situations similaires à celles de la Somalie dans le monde", conclut celui-ci.