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Les baleines ont énormément grossi en quelques millions d'années et on sait maintenant pourquoi

Les mysticètes, une sous-catégorie de mammifère marin, n'étaient pas aussi grands il y a quelques millions d'années. En analysant de nombreux fossiles de baleines, les scientifiques ont enfin trouvé une explication à cette croissance.

En voyant ces immenses baleines bleues – atteignant jusqu'à 30 mètres de longueur – qui peuplent nos océans, on a du mal à imaginer qu'elles aient un jour pu faire le tiers de cette taille.

"Nous pensons aux baleines comme à des animaux géants, mais si l'on observe leur histoire longue de 36 millions d'années, elles n'ont été géantes que pendant 1/10e de cette période", explique à The Guardian Graham Slater, coauteur d'une étude sur la taille des baleines. En analysant les mysticètes, sous-espèce réunissant toutes les baleines pourvues de fanons plutôt que de dents, son équipe de chercheurs a pu dater et expliquer les raisons du gigantisme des baleines bleues, baleines à bosse et consœurs.

Publiée le 23 mai dans le Proceedings of the Royal Academy B, un journal scientifique de la Royal Academy britannique, l'étude se base sur l'analyse de 140 fossiles de mysticètes, représentatives de 13 espèces vivantes de baleines et de 63 espèces aujourd'hui éteintes. "Nous avons la chance d'avoir beaucoup de fossiles de mysticètes, cela nous permet de chercher des réponses à nos questions", se félicite Nick Pyenson, coauteur de l'étude, dans un entretien avec Popular Science. Ils ont ainsi remarqué que toutes les espèces avaient, à la même période, grandi très rapidement.

La dispersion du plancton

Avant cette croissance soudaine, ces mammifères marins à fanons faisaient seulement 5 à 9 mètres de longueur. Il y a 4,5 millions d'années, ils se sont mis à grandir, jusqu'à atteindre les tailles qu'on leur connaît aujourd'hui.

Cette période est celle du début de l'âge glaciaire. Les auteurs de l'étude pensent ainsi que c'est le changement climatique qui est la cause de leur évolution : la glaciation a altéré les courants océaniques, créant des zones propices au développement du plancton, la nourriture principale des baleines. Durant cet âge glaciaire, le plancton était en effet distribué dans de petites poches sous-marines très éloignées les unes des autres.

Manger beaucoup et voyager plus loin

Cette évolution a forcé les baleines à commencer à se déplacer sur de longues distances pour atteindre les différentes poches. En conséquence, elles se sont mises à grossir, et ce pour deux raisons. D'abord, pour se déplacer rapidement et sans trop d'efforts entre ces différentes zones de nourriture. "Quand vous êtes plus gros, vous pouvez stocker plus d'énergie – et donc vous avez une réserve plus grande pour aller où vous voulez", résume Graham Slater.

L'autre raison tient tout autant de la logique. "Plus votre bouche est grande, plus vous pouvez absorber en dépensant un minimum d'énergie", affirme-t-il. Autrement dit, l'assiette sera plus remplie et avalée bien plus rapidement. Simple question d'efficacité.

Le réchauffement climatique, cause d'inquiétude et d'évolution

Le plancton se développe dans des eaux froides. Or, le réchauffement climatique inquiète les chercheurs : "Si nous fermons ce robinet d'eau froide et que le réchauffement climatique se poursuit, ce sera de très mauvais augure pour les mysticètes", craint Graham Slater.

"Parmi les espèces de baleines, il y aura des gagnants et des perdants"

"Cela peut avoir des conséquences écologiques graves que nous ignorons encore", poursuit son collègue Nick Pyenson. Les grandes baleines devront peut-être à nouveau s'adapter pour survivre à ce nouvel environnement, si elles y parviennent : "Il y aura des gagnants et des perdants", résume le chercheur.

Sans compter la chasse à la baleine, qui a drastiquement réduit la population de mysticètes dans les océans. La question de leur adaptation, comme celle de leur possible disparition, reste encore sans réponse. "Que se passera-t-il quand nous aurons perdu toute cette biomasse dans l'océan ?", interroge Nick Pyenson. "Tout cela, nous tentons encore de le découvrir."

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