Extorsion, abus de pouvoir, fuite de documents confidentiels. L'ex-présidente de Corée du Sud Park Geun-Hye doit répondre à partir de mardi de 18 chefs d'accusation dans la retentissante affaire de corruption qui a précipité sa destitution.
À l'ouverture de son procès pour corruption à Séoul, Park Geun-Hye est arrivée, mardi 23 mai, la mine sombre, sans maquillage, les mains menottées et arborant son matricule de détenue. Il y a quelques semaines encore, l'ancienne présidente vivait encore à la "Maison bleue", le siège de la présidence, prêtant beaucoup d'attention à son apparence physique.
Ce procès, qui devrait durer des mois, est un nouvel opus de la saga qui a commencé l'été dernier et qui a précipité la descente aux enfers de Park Geun-Hye, une fille de dictateur qui a été démocratiquement élue avant d'être destituée en mars par la plus haute juridiction du pays.
"Je n'ai pas de profession"
"Prévenue Park Geun-Hye, quel est votre profession?", a demandé le président du tribunal, Kim Se-Yun. "Je n'ai pas de profession", a-t-elle répondu.
Celle qui fut considérée pendant des décennies comme "la princesse" politique du pays - elle a grandi dans la palais présidentiel où son père, le dictateur militaire Park Chung-Hee a régné en maître de 1961 jusqu'à son assassinat en 1979 - a été destituée en décembre par le Parlement en raison de son implication dans le scandale qui tourne autour de sa conseillère occulte, Choi Soon-Sil, à qui elle aurait fourni des documents secrets d'État. "Park Geun-Hye ne lui a pas adressé le moindre regard sur le banc des accusés", précise depuis Séoul Frédéric Ojardias, correspondant RFI pour France 24.
Choi Soon-Sil, qui n'occupait aucune position officielle dans l'administration, est accusée d'avoir profité de ses relations avec l'ex-présidente pour extorquer, en échange de faveurs politiques, près de 70 millions de dollars aux grands conglomérats du pays. L'héritier de Samsung Lee Jae-Yong et le président de Lotte Shin Dong-Bin sont également poursuivis.
"Le procès du système"
Le procès pourrait d'ailleurs permettre de mieux comprendre les relations entre Park Geun-HyePark et les dirigeants des grands groupes familiaux qui dominent la quatrième économie d'Asie.
Ce "procès du siècle", selon l'expression du procureur spécial Park Young-Soo, intervient deux semaines après l'élection de l'ancien avocat de centre-gauche Moon Jae-In lors de la présidentielle anticipée. C'est aussi le procès du sytème, estime Frédéric Ojardia, qui rappelle qu'il s'agit de la troisième ex-présidente jugée pour corruption après Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo, condamnés dans les années 1990. Le scandale avait mis en lumière les accointances malsaines entre les élites économique et politique du pays, autre héritage du règne de Park Chung-Hee.
La présidente déchue, qui dément toute malversation et accuse son ancienne confidente d'avoir abusé de leurs liens d'amitié, risque la prison à vie.
Avec AFP