Le nouveau gouvernement français compte plusieurs germanophones, voire germanophiles. À commencer par le Premier ministre, Édouard Philippe. Présentations.
“Ja, wir können” (“Oui, nous le pouvons”). Le président Emmanuel Macron - qui a une bonne connaissance de l'Allemand et a travaillé sur une thèse sur la philosophie allemande - a souvent répété que la remise en ordre de marche du couple franco-allemand était l’une de ses priorités pour redonner confiance dans le projet européen. Au delà des paroles, la constitution du gouvernement Philippe montre que les germanophiles occupent des places de choix dans le nouvel exécutif.
Le premier d’entre eux est d’ailleurs le Premier ministre lui-même. “Je suis stupéfait par la méconnaissance de l’Allemagne des Français. C’est un mélange d’ignorance et de préjugés”, affirmait Édouard Philippe récemment, rappelle le quotidien La Croix. Ce Normand, lui, sait de quoi il parle. Parfaitement germanophone, il a passé une partie de sa scolarité à Bonn (ancienne capitale de l’Allemagne de l’Ouest avant la réunification), où son père a été proviseur de lycée.
Le Maire fan de Musil
De l’autre côté du Rhin, c’est surtout la nomination du conservateur Bruno Le Maire à Bercy qui a capté l’attention des médias. Le nouveau ministre de l’Économie n’a jamais caché son admiration pour la culture allemande. Il a rédigé, dans le magazine Challenges en 2013, une lettre d’amour à la littérature germanique, y déclarant sa flamme, notamment, pour Robert Musil. Auteur notamment de “L’homme sans qualité”, celui-ci est réputé être l’un des plus ardus de la littérature allemande.
Politiquement, Bruno Le Maire est aussi fier de sa proximité avec le ministre allemand des Finances Wolfgang Shäuble, qu’il “dutzt” (tutoie). Un aveu qui doit faire chaud au cœur des Allemands, tant les “amis” en Europe du redouté ministre allemand des Finances se comptent sur les doigts d’une main. Le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande même si Bruno Le Maire, sans antécédent économique notable, n’accède pas à Bercy essentiellement à cause de sa proximité de vue avec Wolfgang Schäuble
La relation politique franco-allemande passera aussi par les femmes. La nouvelle ministre de la Défense, Sylvie Goulard, connaît personnellement son homologue allemande Ursula von der Leyen. Cette Marseillaise est réputée pour sa compréhension très fine de la politique allemande, héritée de la période où elle a fait partie de l’équipe ayant négocié pour la France la réunification allemande au Parlement européen.
D’ambassadeur à Berlin à Mr diplomatie de Macron
Matignon, Économie, Défense : des ministères parmi les plus importants vont donc être dirigés par des personnalités qui savent que tous les chemins de l’Europe mènent à Berlin. Mais d’autres membres de l’entourage présidentiel ont aussi un penchant germanophile avéré, comme l’a noté sur Twitter Daphné Rousseau, la correspondante de l’AFP à Berlin. Ainsi Philippe Étienne, le M. Diplomatie de la cellule présidentielle, était jusqu’à présent l’ambassadeur de France à Berlin. Quant à Sylvain Fort, un pro de la communication qui pourrait devenir la plume des discours d’Emmanuel Macron, il a consacré sa thèse au poète allemand Friedrich Schiller et traduit en français plusieurs ouvrage de cet auteur.
Cette forte présence de spécialistes de l’Allemagne souligne a contrario une relative absence de fins connaisseurs des États-Unis, de la Chine ou encore de la Russie.