Le parti présidentiel a renoncé, mercredi, à présenter un candidat aux législatives dans la neuvième circonscription des Français de l’étranger, après une polémique interne au sujet de sa candidate investie, Leila Aïchi.
Finalement, La République en marche (LREM) jette l’éponge pour les législatives de juin dans la neuvième circonscription des Français de l’étranger. Après plusieurs jours de polémique autour de l’investiture de Leila Aïchi, le parti du président Macron a choisi de se retirer de la course, tirant un trait sur un réservoir de quelque 150 000 électeurs, résidant en Afrique du Nord et de l’Ouest.
"Nous avons vécu les heures les plus longues de la campagne, frôlé une crise diplomatique et [failli] perdre la confiance de nos adhérents", a déclaré sur Twitter Hamza Hraoui, référant national LREM au Maroc.
"Candidature clivante"
Leila Aïchi, candidate Modem (le parti centriste qui a rallié Emmanuel Macron), sénatrice de Paris, était la cible des critiques, notamment du puissant comité local de Casablanca, le Maroc possédant le plus fort contingent d'électeurs de la circonscription. Ces derniers jugeaient la candidature "clivante", notamment en raison des propos qu’elle a tenus lors d’un colloque organisé au Sénat en 2013 sur le Sahara occidental, territoire au sud du Maroc, théâtre de vives tensions entre le royaume et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. La candidate s’était "alarmée de l’indifférence internationale quant au sort réservé au peuple sahraoui", et avait "dénoncé l’alignement systématique de la France sur la politique marocaine au Sahara occidental, et ce malgré les graves violations des droits de l’Homme constatées par les ONG humanitaires". Dans un communiqué publié mardi, Leila Aïchi s’est cependant défendue d’avoir des positions hostiles vis-à-vis de Rabat.
Le comité de Casablanca considèrait lui "que la seule candidature légitime dans cette circonscription est celle de M’jid El Guerrab", candidat malheureux à l’investiture dans la région qui s’était dit "sidéré par l’annonce" de sa mise à l’écart. Alors que Leila Aïchi l’a accusé dans une interview à Jeune Afrique d’avoir orchestré la polémique, il affiche, ces derniers jours, sa volonté de remplacer sa rivale à l’investiture et a donné mercredi une conférence de presse en ce sens. Il affirme être soutenu dans sa démarche par les comités du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, deux autres importants réservoirs d’électeurs. Selon toute vraisemblance, M’jid El Guerrab se présentera désormais en indépendant aux législatives.
Une circonscription marquée à gauche
Bien qu’Emmanuel Macron soit arrivé en tête dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, une victoire pour un candidat LREM aux législatives aurait été une toute autre paire de manches. Pouria Amirshahi, démissionnaire du PS, avait raflé 62 % des voix au second tour des dernières législatives. Pour ce scrutin, il cède sa place à Didier Le Bret. "Je reste serein, je suis en campagne depuis le 1er septembre, et je suis le seul à être allé dans presque tous les pays de la circonscription", confie à France 24 le candidat PS, qui précise que M’jid El Guerrab avait déjà été son adversaire pour l’investiture socialiste.
Côté Les Républicains, Erwan Davoux, né en Tunisie, responsable des Français de l'étranger dans l'équipe de campagne d'Alain Juppé pour les primaires de la droite, ancien chef du pôle Moyen-Orient au ministère de la Défense et analyste du monde arabe pendant quatre ans à la DGSE, prétend s’inscrire "mot à mot dans la position diplomatique et officielle de la France", taclant ainsi Leila Aïchi. Il croit en ses chances face à Didier Le Bret, qu’il qualifie de "candidat PS parachuté".