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Le président brésilien Michel Temer a été enregistré par un chef d'entreprise en train de donner son accord à des pots-de-vin pour acheter le silence de l'ancien chef des députés Eduardo Cunha, selon le quotidien O Globo.

Un nouveau séisme a secoué mercredi 17 mai la scène politique brésilienne, visant directement le président conservateur Michel Temer, enregistré en train de donner son accord à des pots-de-vin, selon le journal O Globo. Le chef d'État a nié les faits dans un communiqué, mais la nouvelle a fait l'effet d'une bombe, avec des appels à la démission de la part de plusieurs partis d'opposition.

Plusieurs dizaines de Brésiliens sont descendus dans les rues pour protester dans les plus grandes villes du pays, y compris devant le palais présidentiel, à Brasilia, aux cris de "Temer dehors" et à grand renfort de klaxon. Touchée de plein fouet par une récession historique, la population est exaspérée par les multiples rebondissements du méga-scandale Petrobras, qui éclabousse l'ensemble de la classe politique, y compris plusieurs ministres du gouvernement Temer.

Silence acheté

Selon O Globo, le président est directement impliqué dans d'autres malversations. Le quotidien révèle qu'il a rencontré le 7 mars Joesley Batista, un des propriétaires du groupe J&F, qui contrôle notamment le géant de la viande JBS. Joesley Batista s'est enregistré secrètement alors qu'il expliquait au chef de l'État qu'il versait des sommes d'argent à Eduardo Cunha, ex-président de la chambre des députés, actuellement en prison, pour acheter son silence, poursuit le journal basé à Rio de Janeiro (sud-est).

Avant d'être condamné fin mars à 15 ans de prison pour corruption, Eduardo Cunha, autrefois l'un des politiques les plus influents du Brésil, avait œuvré en 2016 à la destitution de l'ex-présidente de gauche Dilma Rousseff, pour maquillage des comptes publics.

"Tu dois maintenir ça [les pots-de-vin]", a alors répondu le président Temer, sans savoir qu'il était en train d'être piégé par l'enregistrement de son interlocuteur. "Le président Michel Temer n'a jamais demandé des paiements afin d'obtenir le silence de l'ex-député Eduardo Cunha. Il n'a pas participé ou autorisé aucune opération ayant pour objectif d'éviter une confession ou une collaboration avec la justice de l'ancien parlementaire", a répondu la présidence brésilienne dans un communiqué.

Le journal n'a pas encore diffusé le contenu intégral des enregistrements, mais a expliqué qu'ils auraient été présentés aux autorités dans le cadre d'un accord avec la justice en échange d'une remise de peine.

"Coup d'État"

Le Parti des travailleurs, formation politique de Dilma Rousseff, a réclamé publiquement la démission du chef de l'État, dans un communiqué cosigné par cinq autres partis d'opposition. Le député Alessandro Molon, du parti Rede (centre-gauche), un des signataires, a pour sa part déposé une demande officielle de destitution. Selon lui, ces révélations constituent "l'acte final d'une bombe atomique qui va exploser dans le pays".

Les militants de gauche considèrent que Michel Temer, qui était le vice-président de Dilma Rousseff, a fomenté un "coup d'État" en s'associant à Eduardo Cunha pour prendre le pouvoir. "Nous savions que le président n'était pas net, mais maintenant nous avons la preuve qu'il a commis des malversations", s'est insurgé Thiago Rocha, professeur d'université de Brasilia. "Nous sommes descendus spontanément dans les rues dès que nous avons vu les infos parce que nous n'en pouvons plus. Nous avons soif de démocratie et nous sommes indignés par ce président putschiste".

Avec AFP