Les élus du parti républicain à Washington sont plus nombreux à souhaiter l'ouverture d'une enquête indépendante, à l'instar des démocrates, pour démêler les relations entre la Russie et l'équipe de campagne du président Donald Trump.
En une semaine, une atmosphère de crise politique a gagné Washington. Entre le flou qui demeure sur les raisons du limogeage du directeur du FBI, James Comey, et le scandale provoqué par la divulgation de renseignements à la Russie par Donald Trump, le 45e président des États-Unis essuie un flot ininterrompu de critiques.
Des élus démocrates ont réclamé la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur ce qui s'est réellement passé entre la Russie et l'équipe de campagne de Donald Trump avant son élection. Mercredi 17 mai, plusieurs élus républicains ont fait savoir qu'il n'étaient pas forcément opposés à cette enquête indépendante.
La défiance gagne les républicains
Le puissant Mitch McConnell, gardien de la feuille de route républicaine au Sénat, a regretté les "psychodrames" à répétition, une rare admonestation à destination de Donald Trump. Le sénateur John McCain a, quant à lui, comparé la situation, par son ampleur, au scandale du Watergate qui fit tomber Richard Nixon en 1974.
John McCain: "Watergate took months. This thing seems to be taking hours." pic.twitter.com/3a8t8Eiq03
— Vaughn Hillyard (@VaughnHillyard) 17 mai 2017Prié de dire si les accusations à l'encontre de Donald Trump pouvaient éventuellement déboucher sur une destitution, Justin Amash, membre du groupe conservateur Freedom Caucus à la Chambre des représentants, a répondu : "Si ces allégations sont vraies, oui. Mais tout le monde dans ce pays a droit à un procès équitable, y compris le président (...)".
La sénatrice républicaine Lisa Murkowski a déclaré, elle, qu'il était peut-être temps de créer une commission spéciale ou de nommer un procureur indépendant. "Le peuple américain a le droit de savoir la vérité", a-t-elle dit.
Le président républicain de la Chambre, Paul Ryan, a temporisé : "Nous avons besoin des faits", a-t-il déclaré appelant à garder la tête froide. Fait-il toujours confiance au président ? "Oui", a-t-il affirmé.
Paul Ryan: 'I do' have confidence in Trump https://t.co/vhN304N54w
— CNN France (@CNNFrancePR) 17 mai 2017James Comey invité à témoigner par le Congrès
La confiance de Paul Ryan suffira-t-elle ? Mercredi 17 mai, le Congrès a demandé officiellement à James Comey de venir témoigner lors d'une audition publique. Le président des États-Unis l'avait limogé de la direction du FBI, prétextant une gestion malencontreuse de l'enquête sur les emails envoyés par Hillary Clinton depuis sa messagerie personnelle, avant d'admettre qu'il avait depuis longtemps décidé de ne plus travailler avec lui. Le locataire de la Maison Blanche est exaspéré par la persistance de l'enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de son équipe de campagne et la Russie.
James Comey better hope that there are no "tapes" of our conversations before he starts leaking to the press!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 12 mai 2017Le New York Times a révélé mardi que Donald Trump aurait demandé, en février, à James Comey de classer l'enquête sur Michael Flynn, son éphémère conseiller à la Sécurité nationale accusé de proximité avec les Russes. James Comey aurait tout consigné dans un mémo, dont une partie a fuité dans la presse. Le Congrès a donc également demandé au FBI de produire ce mémo devenu en quelques heures le document les plus recherché des États-Unis.
Les secrets du président
À cela s'ajoute une affaire distincte, qui reflète, selon les détracteurs du président, son incapacité à exercer la fonction suprême. Il a donné au chef de la diplomatie russe et à l'ambassadeur de Moscou, dans le Bureau ovale le 11 mai, des informations secrètes sur un projet d'opération du groupe État islamique. La Maison Blanche ne conteste pas le fond de ces révélations, mais insiste sur le fait que le partage d'informations est une prérogative absolue du président.
As President I wanted to share with Russia (at an openly scheduled W.H. meeting) which I have the absolute right to do, facts pertaining....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 16 mai 2017Une source de l'administration américaine a confirmé à l'AFP que ces renseignements secrets avaient été fournis par Israël, dont les méthodes et sources sur le territoire de l'organisation jihadiste pourraient ainsi risquer d'être découvertes.
L'affaire fait rire Poutine mais beaucoup moins Donald Trump
Depuis la Russie, Vladimir Poutine a ironisé sur les révélations qui déchirent Washington et... proposé au Congrès de fournir la retranscription russe du rendez-vous du Bureau ovale pour prouver que rien de secret n'avait été divulgué par le président américain.
Pour sa part, Donald Trump a dénoncé l'acharnement dont il se dit faire l'objet lors d'un discours devant l'école des gardes-côtes : "Aucun homme politique dans l'Histoire, et je dis cela avec beaucoup d'assurance, n'a été traité plus injustement", s'est plaint le 45e président des États-Unis. Il a aussi prodigué ce conseil, loin d'inaugurer un prochain renoncement : "Ne laissez jamais, jamais tomber".
Avec AFP et Reuters