
Le président Emmanuel Macron sur le perron de l'Élysée à Paris, le 27 août 2025. © Thibaud Moritz, AFP
Après la décision de François Bayrou de solliciter un vote de confiance à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron a apporté mercredi 27 août en Conseil des ministres son "soutien total" au choix du Premier ministre.
Le président a apporté "son total soutien à la démarche selon laquelle il faut qu'on se mette d'accord sur la nécessité de retrouver une trajectoire des finances publiques plus conforme avec l'idée que nous nous faisons de notre souveraineté budgétaire", selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
Sur la situation financière de la France, à l'origine de l'annonce surprise du Premier ministre lundi, le président a jugé que "nous ne devons être ni dans le déni de réalité, ni dans le catastrophisme".
Appelant à "la responsabilité" les partis "qui souhaitent être des partis de gouvernement", il a repris l'argumentaire de François Bayrou selon lequel le vote du 8 septembre sera un vote "sur les principes" des près de 44 milliards d'euros d'économies budgétaires en 2026, mais pas sur les mesures elles-mêmes qui seront négociées dans un second temps.
"Pas de méthode, pas de contacts, pas de négociation pendant l'été"
La décision de l'exécutif ouvre cependant une nouvelle période d'incertitudes qui place de nouveau Emmanuel Macron en première ligne. Car les oppositions de gauche et d'extrême droite ont fait savoir qu'elles ne voteraient pas la confiance, et le gouvernement a donc toutes les chances de tomber.
Une conséquence qui rend le choix de François Bayrou, confronté à l'impopularité de son plan d'économies budgétaires, largement incompris au sein de la classe politique.
"Pas de méthode, pas de contacts, pas de négociation pendant l'été. Et tout d'un coup, faites-moi confiance en général et ensuite on pourra discuter", a résumé à gauche sur France 2 Raphaël Glucksmann, qui y voit "un mal français, le manque d'humilité".

Un malaise partagé à mots couverts dans le camp présidentiel. "Cette décision, elle est prise. On peut ergoter sur : 'Est-ce qu'il fallait la prendre ou pas ? Elle est là", a balayé l'ex-Premier ministre Gabriel Attal sur France Inter.
Même au sein du socle gouvernemental, la confiance n'est pas complètement garantie, notamment au sein de la cinquantaine de députés Les Républicains (LR) où "il n'y a pas à ce stade d'unanimité sur le vote de confiance", a indiqué à l'AFP une source parlementaire.
François Bayrou a promis mardi de se battre "comme un chien" pour éviter la chute du gouvernement et demandé aux oppositions de "réfléchir" et de renoncer à leurs "réflexes spontanés", les appelant à choisir entre le "chaos" et "la responsabilité".
Dans un message visant principalement les socialistes, qui ont annoncé dès lundi qu'ils voteraient contre la confiance alors que Matignon espérait trouver un compromis avec eux, il a souligné qu'il ne demandait "à personne de se renier" et se dit prêt à négocier sur la taxation des hauts patrimoines.
Une dissolution jusqu'ici écartée par Emmanuel Macron
Le chef du gouvernement, qui espère que les Français fassent pression sur leurs députés en sa faveur et s'exprimera mercredi soir au 20 h de TF1, n'a pas non plus l'opinion publique de son côté. Seuls 27 % des personnes interrogées disent espérer que François Bayrou soit maintenu en fonction par les députés, selon un sondage Elabe.
Une dissolution – que seul le Rassemblement national réclame – est jusqu'ici écartée par le chef de l'État, LFI demandant de son côté une présidentielle anticipée.
Gabriel Attal ne croit ainsi pas "qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité". "Ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée, c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes", a-t-il estimé.
Même embarras chez les socialistes. En cas de dissolution, un accord programmatique entre le PS et LFI tel que celui négocié sous l'égide du Nouveau front populaire (NFP) en 2024 "ne paraît pas concevable", estime le chef des députés socialiste Boris Vallaud, pour qui "la logique voudrait que le président de la République laisse sa chance à la gauche" à Matignon.
Dans un entretien à l'AFP, la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a appelé Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre de gauche.
Avec AFP