
Le Premier ministre François Bayrou et le président Emmanuel Macron lors du discours aux armées, le 13 juillet 2025. © Ludovic Marin, AFP
Lundi, lors de sa conférence de presse de rentrée, François Bayrou a surpris en annonçant la tenue d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale lundi 8 septembre, justifié selon lui par l’urgence de redresser les comptes publics plombés par un niveau d’endettement insoutenable.
La réponse des partis politiques ne s’est pas fait attendre. Immédiatement, le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) ont fait savoir qu’ils n’accorderaient pas leur confiance au gouvernement, suivis par le Parti communiste (PCF), les Écologistes et Place publique. Quelques heures plus tard, Olivier Faure, le patron du Parti socialiste (PS), déclarait lui aussi qu’il ne faudrait pas compter sur ses troupes pour sauver le soldat Bayrou.
Début février, l’abstention d’une majorité de députés socialistes avait permis l’adoption du budget 2025 en échange de vagues promesses de François Bayrou de revenir sur la réforme des retraites. Ces promesses n'ayant pas été tenues, le PS en a tiré les conséquences et affirme clairement qu’il ne votera pas la confiance au chef du gouvernement.
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Le Premier ministre invoque depuis lundi les sacrifices nécessaires pour sauver les générations futures du surendettement. Il appelle la classe politique à choisir entre le "chaos" et "la conscience et la responsabilité". Cependant, les grands mots et l’éloquence du Béarnais ne semblent émouvoir personne. François Bayrou est impopulaire et met en scène sa démission, sachant qu'il est impossible de trouver une majorité parlementaire pour adopter le budget 2026 qu’il a concocté.
Le 8 septembre, la France sera vraisemblablement sans gouvernement. À nouveau, tous les regards vont se tourner vers le locataire de l’Élysée. Depuis la dissolution annoncée le 9 juin 2024 par Emmanuel Macron, la République est entrée dans une période d’instabilité politique.
Après le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal (de juillet à septembre 2024), l’éphémère gouvernement Barnier (de septembre à décembre 2024), le gouvernement Bayrou n’aura pas survécu bien longtemps, faute de réussir à élargir sa coalition minoritaire dite du "socle commun", qui rassemble le centre et la droite (Renaissance, MoDem, Horizons, Les Républicains), issue des élections législatives de l'année dernière.
Après le vote du 8 septembre, le président de la République devra sans doute choisir entre trois options que lui accorde la Constitution.
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Nommer un nouveau Premier ministre
Comme précédemment, Emmanuel Macron peut choisir un troisième Premier ministre issu du "socle commun", chargé de poursuivre les politiques qu’il a arrêtées et de trouver la ou les majorités capables d’adopter des textes législatifs.
En décembre dernier, le chef de l’État souhaitait nommer Sébastien Lecornu, un fidèle, avant que François Bayrou ne parvienne à s’imposer in extremis lors d’un entretien tendu au château. Emmanuel Macron va-t-il persister ? Le ministre de la Défense, issu de LR, pourrait-il devenir le troisième Premier ministre à tenter l’impossible : imposer le macronisme sans majorité ?
À moins que le chef de l’État ne tente cette fois-ci l’option d’un gouvernement de technocrates qui serait dirigé par un haut fonctionnaire et accepté par les partis politiques. Ou encore de nommer une personnalité issue de la gauche chargée de trouver une nouvelle majorité parlementaire. En décembre, c’est le nom de l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve qui circulait.
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Dissoudre
Le délai d’un an imposé par la Constitution étant révolu, Emmanuel Macron peut à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections législatives, qui se tiendraient dans un délai de vingt jours au moins et de quarante jours au plus.
Parmi les oppositions, le RN milite de longue date en faveur de cette option. Le parti d’extrême droite pense qu’il remportera cette fois-ci les élections. Arrivé en tête du premier tour le 30 juin 2024 avec 33 % des suffrages, il avait été empêché de remporter une majorité relative ou absolue par un front républicain qui avait rassemblé les partis de gauche, du centre et une partie de la droite.
"En cas d’élections législatives dans le mois qui vient, il est probable que le Rassemblement national double le nombre de ses députés car il n’y a plus et il n’y aura pas de barrage républicain. Je ne pense pas qu’il puisse obtenir la majorité absolue et, du coup, l’Assemblée nationale restera divisée entre trois grands blocs irréconciliables", estime Stéphane Vernay, rédacteur en chef délégué de Ouest-France sur le plateau de France 24.
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La démission
Face aux impasses à répétition auxquelles fait face le chef de l’État depuis la dissolution de 2024, pourrait-il se résoudre à annoncer sa démission ?
C’est ce que réclame le patron des insoumis, Jean-Luc Mélenchon. "Le chaos, c'est Macron", a-t-il asséné mardi, annonçant le dépôt d'une motion de destitution contre le chef de l'État, vouée à l'échec. Mais le président n'a cessé de marteler qu'il irait jusqu'au bout de son mandat en 2027, quoi qu'il arrive.
Dans un sondage Ifop réalisé pour LCI auprès de 1 000 personnes et diffusé mercredi, 63 % des personnes interrogées souhaitent la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue de nouvelles législatives, même si 51 % ne croient pas qu'Emmanuel Macron prendra une telle décision.