Dans un long entretien accordé au quotidien L’Équipe, l’attaquant du Real Madrid revient sur son éviction des Bleus en raison de l’affaire de la sextape, mais évoque également sa proximité avec le nouveau président français Emmanuel Macron.
Plus d’un an et demi après sa dernière sélection en équipe de France, Karim Benzema continue de plaider sa cause régulièrement dans les médias. Dans un entretien fleuve accordé au quotidien L’Équipe, l’attaquant du Real Madrid a lancé une nouvelle opération com’, quelques heures avant l’annonce de la liste des Bleus pour les trois matches du mois de juin, contre le Paraguay, la Suède et l’Angleterre.
Sans surprise, il y est question de l’affaire de la sextape et de son ancien coéquipier Mathieu Valbuena, du conflit larvé qui l’oppose au sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, et de sa belle réussite en club avec le Real Madrid. Mais surtout – et c’est plus surprenant – Karim Benzema distille quelques éléments croustillants liés à l’actualité politique du moment.
Et à en juger par ses propos sans équivoque, il semble avoir plutôt goûté le changement d’exécutif. "Je l'ai déjà vu trois ou quatre fois. On a mangé ensemble. C'est un fan de foot. On a échangé. On est ensuite restés un peu en contact par messages. Je l'ai rencontré la première fois grâce à une connaissance commune à Lyon. Je l'ai connu avant qu'il se lance", raconte-t-il notamment au sujet d’Emmanuel Macron, élu président de la République française le 7 mai dernier.
Macron, Hollande et Valls
Sans toutefois omettre de mentionner sa proximité avec le nouveau chef de l’État, Benzema se garde bien d’en rajouter, tout en distillant une petite pique à ses prédécesseurs : "On ne va pas commencer à en faire des tonnes là-dessus ! Je ne veux pas jouer sur ce terrain-là. Je n'attends rien de lui. Mais ses phrases sur moi seront peut-être meilleures..."
Une allusion aux sorties de l’ex-président François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls, qui n’avaient pas épargné le footballeur lorsqu’avait éclaté l’affaire de la sextape. Dans un livre intitulé "Un président ne devrait pas dire ça…", les journalistes Gérard Dravet et Fabrice Lhomme avaient attribué au président Hollande les propos suivants : "Moralement, ce n’est pas un exemple, Benzema".
Le Premier ministre de l’époque avait été plus incisif encore. "S'il n'est pas exemplaire, il n'a pas sa place en équipe de France", avait-il déclaré en décembre 2015 avant de réitérer ses propos fin mars 2016, provoquant le courroux du joueur.
Un an plus tard, la sortie des deux dirigeants n’a toujours pas été digérée par l’attaquant français. À la question de savoir s’il a pu être mis à l’écart en raison de directives venues "de plus haut", il répond : "C'est possible... Quand ton nom est cité par le Premier ministre (Manuel Valls), puis par le président de la République (François Hollande), ça devient compliqué."
Deschamps et Valbuena dézingués
Mais ses griefs, Benzema ne les réserve pas qu’à Hollande et Valls. Sans surprise, Didier Deschamps est également accablé par le joueur. "Je n'ai pas du tout fait une croix sur les Bleus. Mais c'est vrai que ce serait plus facile aujourd'hui de dire : j'arrête. De dire ça parce que j'en ai assez vu et entendu ! Ça arrangerait aussi beaucoup de monde que je prenne cette décision...", explique-t-il, tout en regrettant le manque de communication avec le sélectionneur de l’équipe de France de football : "Il connaît le foot. Je ne le comprends pas. Ça ne tient pas debout. C’est pour ça que je ne veux d’explications de personne, de personne, de personne d’autre [il martèle, NDLR] à part le sélectionneur. [Tous] les autres disent que je suis sélectionnable, [pas] lui. Si le sélectionneur me dit droit dans les yeux que ce n’est qu’à cause du foot, eh bien, je continuerai à travailler… Si c’est pour autre chose, qu’il me le dise en face, et c’est fini avec lui."
Reste que celui qui repart avec le plus beau costume, c’est sans conteste Mathieu Valbuena. Les déclarations de son ex-coéquipier en bleu, également impliqué dans l’affaire de la sextape, lui restent plus que tout en travers de la gorge. "À l'entendre au départ, je suis une racaille, je l'ai menacé, je lui ai fait peur, tout ce que tu peux inventer... Et, là, il veut rejouer avec moi ! Il dit qu'il n'aurait pas porté plainte s'il avait su que j'étais mêlé à cette histoire. Mais il se fout de la gueule du monde ! Il a pété les plombs ou quoi ! […] Mais il faut qu'il arrête ses conneries !", assène-t-il.
Peu probable, à la suite de ces déclarations, que l’opération com’ de Benzema lui ouvre grand les portes de l’équipe de France. La prochaine liste des Bleus, que Deschamps doit dévoiler jeudi en début d’après-midi, se chargera d’apporter une réponse, si interrogation il reste vraiment.