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Soudan : six Casques bleus tués dans une frappe sur un camp de l'ONU
Six Casques bleus originaires du Bangladesh ont été tués samedi dans une attaque de drones dans une ville du sud du Soudan assiégée par les paramilitaires, a indiqué la force de maintien de la paix de l'ONU dans la région.
Photo d'archive de paramilitaires soudanais membres des Forces de réaction rapide (FSR) au Soudan, le 15 juin 2019. AP

Au moins six Casques bleus bangladais ont été tués, samedi 13 décembre, lorsque leur camp dans le sud du Soudan a été ciblé par une attaque de drones, a indiqué la force de maintien de la paix de l'ONU dans la région.

Le Bangladesh et l'ONU ont condamné cette attaque qui a eu lieu à Kadougli, capitale d'un des trois États du Kordofan, région, assiégée par  les paramilitaires des FSR.

Le gouvernement soudanais pro-armée a attribué l'attaque aux FSR qui ont démenti.

La Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abyei (Fisnua) a fait état d'une attaque "par des drones" contre le camp de la Fisnua à Kadougli, distant d'environ 200 km d'Abyei.

"Six soldats ont été tués et six blessés dont quatre grièvement", a déclaré à un correspondant de l'AFP cette force, précisant que les victimes étaient bangladaises.

Le ministère bangladais des Affaires étrangères a "fermement" condamné l'attaque et demandé à l'ONU de "garantir une prise en charge optimale" des militaires blessés.

Dans un communiqué, le dirigeant intérimaire du Bangladesh, Muhammad Yunus, s'est dit "profondément attristé".

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé une "horrible attaque", réitérant dans un communiqué ses appels aux belligérants à "mettre immédiatement un terme aux hostilités".

La vaste région du Kordofan fait la jonction entre les zones tenues par l'armée dans le nord, l'est et le centre, et le Darfour dans l'ouest, passé entièrement sous le contrôle des FSR fin octobre.

Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, est assiégée depuis un an et demi par les paramilitaires. Début novembre, les Nations unies y ont déclaré un état de famine.

Multiplication des attaques par drones

Une source médicale de l'hopital de Kadougli a également fait état de fait six morts.

Des témoins joints par l'AFP ont de leur côté parlé d'un tir de drone sur le quartier général de l'ONU dans le centre-ville.

Une vidéo publiée par les forces armées sur leur compte Facebook montre deux épaisses colonnes de fumée noire s'élever depuis deux points distincts de la base de la Fisnua, où des flammes sont visibles.

Dans un communiqué, le Conseil de souveraineté, dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, a qualifié l'attaque d'"escalade dangereuse".

Le Premier ministre soudanais Kamil Idris a pointé du doigt dans un communiqué "la milice rebelle terroriste", en référence aux FSR, appelant l'ONU à "prendre des mesures fermes" et "à traduire les auteurs en justice."

Dans un communiqué sur Telegram, les FSR ont dénoncé des "accusations infondées" les visant.

Plus tôt samedi, les paramilitaires avaient rejeté "catégoriquement" des accusations les visant sur des exactions commises contre des civils au Darfour, lorsqu'ils s'étaient emparés de la grande ville d'El-Facher fin octobre.

Le Royaume-Uni avait annoncé vendredi des sanctions contre quatre commandants des FSR au Soudan, dont leur numéro deux, accusés d'être responsable d'"atrocités".

Vendredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a exprimé sa "profonde inquiétude" face à la violence croissante au Kordofan, en particulier à Kadougli.

Le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) s'était dit "alarmé" mercredi par "l'escalade brutale de la violence" notamment au Kordofan où "la multiplication des attaques par drones expose de plus en plus les civils aux dangers."

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes, provoquant ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde."

La Fisnua compte quelque 4.000 militaires et policiers chargés notamment d'assurer la protection des civils dans la région d'Abyei, zone pétrolifère frontalière où les affrontements sont réguliers.

Avec AFP